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Titre du blog : Histoires yaoi
Auteur : histoiresyaoi
Date de création : 31-05-2013
 
posté le 24-06-2013 à 08:34:59

Pieveth, Chapitre 15

 

 

 

Attention, ce chapitre comporte un passage assez dur, en italique. Je l'écris en blanc, couleur de fond du blog : il suffit de sélectionner le texte pour pouvoir le lire. Si vous ne vous en sentez pas capable, n'ayez crainte, le paragraphe suivant résume ce passage. 

 

La main sur la poignée de la porte, Calith commence déjà à perdre patience. Devant sa réaction, Jérémias se précipite vers une lourde teinture, située juste à côté du fauteuil qui fait face à la fenêtre. Il actionne un levier à peine visible et c'est une infime largeur de mur qui s'efface. Il a l'air fier de lui et Calith se sent bien penaud, soudain. Il ignorait totalement la présence de ces passages.

Jérémias lui montre le levier en question, puis son pendant, à l'intérieur du couloir étroit, qui permet de fermer et d'ouvrir cette porte lorsqu'on est dans le passage. Le garde, tout fier de son savoir, expose :

 

- Lombeth se servait souvent de ces passages. Ils ne sont pas bien larges et ils sentent le renfermé mais ils vous permettent d'aller et venir sans vous faire remarquer.

 

Calith enregistre les informations en même temps qu'il réfléchit à l'existence de ces couloirs dérobés. Ces appartements étaient ceux de ses parents, des années plus tôt. Et si Calith avait l'autorisation d'y aller, de temps en temps, jamais personne ne lui avait parlé de tels accès secrets.

Il leur faut bien moins de temps qu'en empruntant les couloirs classiques pour parvenir à la porte qui donne sur la cour d'entraînement. Satisfait par cette découverte, Calith donne une tape amicale sur l'épaule de son escorte et franchit la porte. Il ne va guère plus loin : ses yeux cherchent le simplet. Et ils ne tardent pas à le trouver.

 

Il n'est pas soldat de métier, mais il s'y connaît suffisamment pour être persuadé que ce n'est pas le premier combat de son esclave, tout amical qu'il soit. Les gestes sont rendus maladroits par le manque de pratique mais on peut clairement voir qu'il maîtrise les rudiments de base du maniement d'arme. Les mouvements sont relativement fluides, les parades simples mais efficaces. Calith pourrait rester des heures à le regarder combattre mais Jérémias le ramène à la réalité :

 

- Sire ? Le Général Loundor vous attend.

 

Grognant un assentiment, le roi détourne son attention du combat et se dirige vers le Général qui supervise ses troupes.

 

- Bonjour Majesté.

- Bonjour Loundor.

- J'allais faire venir le déjeuner, tu manges avec moi ?

- Pourquoi pas ?

 

Le Général confie l'entraînement à ses officiers, ordonne qu'on lui apporte deux déjeuners, et conduit Calith dans son bureau. Se laissant tomber dans son fauteuil, il souffle bruyamment avant de s'exclamer :

 

- Et bien, quelle matinée !

- Des soucis ?

- Pas vraiment, non. Beaucoup d'informations, surtout.

 

Calith s'installe confortablement en face du loup-garou et joue machinalement avec ses manches. Il sait qu'il les aura, ces informations, alors autant attendre qu'on lui donne. Et ça n'y coupe pas, Loundor commence :

 

- Le couvre-feu a été très bien respecté. Peu de personnes ont voulu se déplacer, cette nuit, et les gardes ont soigneusement pris leurs identités. Je les ai fait consigner dans un registre, on pourra faire des recoupements plus tard.

- Ils surveillent également les passages secrets ?

- Seulement les entrées, ils conduisent tous dans tes appartements. Personne ne les emprunte.

- Pas même moi, d'ailleurs, puisque j'en ignorais l'existence.

 

Le Général se redresse vivement du fauteuil et plonge son regard ébène dans celui du roi.

 

- Tu plaisantes ?

- J'ai l'air de plaisanter ?

- Non. J'étais persuadé que tu les connaissais.

- Et bien non. C'est Jérémias qui me les a fait prendre pour la première fois aujourd'hui.

- Ah ! Je savais que c'était une bonne idée, qu'il t'escorte !

- Pour qu'il me serve de guide ?

- Bien sûr que non ! Pour qu'il veille sur toi. Tu penses à la sécurité des nobles mais bien peu à la tienne.

- Tu as dû placer suffisamment de gardes autour de mes appartements pour que je n'ai pas à m'inquiéter.

- En effet. Mais dans la journée, mieux vaut qu'on te voit accompagné.

- Pour leur montrer qu'on redoute ce meurtrier ?

- Pour leur montrer qu'on prend la menace très au sérieux.

 

L'arrivée de deux esclaves apportant le déjeuner les interrompt quelques minutes, puis le Général reprend :

 

- On a réussi à obtenir une liste quasiment exhaustive des fidèle du temple de Sevaerith.

- Des noms connus ?

- Plusieurs, oui. Des nobles, des courtisans, des loups-garous.

 

Le regard appuyé du Général est chargé de menace. Que Calith ne s'avise pas à émettre l'idée qu'un des loups soit le meurtrier. Le message est clair, bien que non formulé à voix haute. D'une rapide inclinaison de la tête, Calith lui fait comprendre qu'il a saisi.

 

- Les points communs entre les victimes n'ont pas encore été trouvés, ce qui n'est pas très surprenant. Mais mes hommes continuent à fouiller.

- Bien. Et concernant d'éventuels traîtres ?

- Le chef des espions de Nala m'a fait parvenir une liste de renégats potentiels. Je leur ai demandé de les surveiller étroitement et de me rapporter le moindre élément intéressant.

- Est-ce que les mêmes noms reviennent dans les différentes listes ?

- Aucun. Mais on est sur la bonne voie, Calith. On avance et on le trouvera.

 

Un léger sourire, bien triste, effleure les lèvres du roi. Pourquoi a-t-il fallu que le meurtrier se mette au travail alors qu'il vient tout juste d'arriver au pouvoir ? Calith pioche distraitement dans son assiette, tandis que le Général dévore. Et enfin, il aborde le sujet qu'attendait Calith :

 

- Pour ton esclave, je suis agréablement surpris. Il se bat bien, pour un type qui balayait les couloirs.

- J'ai vu ça, oui. Il connaît déjà les bases.

- C'est une certitude. J'ignore d'où il vient et ce qu'il faisait avant, mais il a appris le combat.

- Il a parlé ?

- Non. Impossible de connaître son nom, pour le moment.

- Et avec les autres ?

- Hier au soir, il a dévoré son repas puis a suivi les soldats dans leurs dortoirs. On m'a reporté qu'il ne s'était pas mêlé à eux. Il se contentait de les suivre, pour les ablutions, par exemple, mais tout en restant dans son coin. Ce matin, il les a suivi pour l'entraînement et s'y est mis. Il est très docile. Mais je pense que ça ne durera que le temps qu'il prenne ses marques.

- Tu le vois réellement boute-en-train ?

- Pas une seule seconde. Mais je pense qu'il s'affirmera plus dans le temps.

- Je l'espère vraiment.

- D'ailleurs, tu n'es pas sans savoir que je compte envoyer un détachement à Rocnoir.

- Oui, on peut le faire maintenant.

 

Rocnoir est le dernier village où se sont regroupés les opposants au Tyran, juste avant de prendre le château d'assaut. Par mesure de sécurité, les femmes, les enfants et certains conseillers, peu préparés aux combats, sont restés là-bas. Maintenant que la situation est quasiment revenue à la normale, il est temps d'aller les chercher. Même si un tueur rôde. Calith ne compte pas s'opposer à leur retour, car il sait parfaitement que parmi ces personnes se trouvent la femme et les enfants de Loundor. Il ne l'avouerait pour rien au monde, pas même en allusions, il est bien trop pudique et bien trop fier, mais ils lui ont manqué. Et Calith le sait.

 

- Tu veux qu'ils partent quand ?

- Demain matin. Et je veux que ton esclave les accompagne.

 

Le regard perçant de Calith se vrille dans celui du loup. Il ne plaisante pas. Il ne le provoque pas. Il énonce une réalité. Impitoyable, Loundor poursuit :

 

- C'est mon bêta qui mènera le détachement et il y aura beaucoup de loups-garous. Ton esclave sera sûrement plus à l'aise pour apprendre à connaître ses condisciples s'il est en petit comité, entouré de ses semblables. Il sera moins écrasé par le passé s'il s'éloigne un peu du château.

- Mais...

- Et ce n'est pas risqué. Ils seront trente, entraînés, armés, et peu de pillards sont signalés à l'intérieur de nos terres. Quand bien même, ils seraient inconscients de s'attaquer à notre armée. Et même s'ils attaquent, les soldats réagiront comme une meute : ils protègeront leurs membres les plus faibles. C'est une mission de six jours maximum, Calith, et ton esclave reviendra en un seul morceau.

 

Les bras croisés, Calith digère la nouvelle en silence. Ils se sont donné le mot, Elihus et Loundor, pour l'empêcher de voir son esclave. C'est la seule explication. Ils voient d'un mauvais œil l'attachement du roi à cet asservi et souhaitent les séparer. Pour pouvoir marier Calith à une espèce de pimbêche, bête comme ses pieds, qu'il devra supporter jusqu'à la fin de ses jours.

 

- Je veux juste lui donner un coup de main pour qu'il se sente bien parmi nous, Calith. Rien d'autre.

 

La voix du colosse est vibrante de sincérité. Le simplet ne peut plus être sien, de toute façon. Alors, de guerre lasse, Calith demande :

 

- Ta décision est prise ?

- Oui.

- Bien. Dans ce cas, fais comme tu le souhaites.

- Merci.

 

Calith se mure dans le silence et prend congé du Général. Il parvient à esquiver Jérémias, occupé à discuter avec ses collègues, et regagne ses appartements grâce aux passages dérobés. Lanen n'est pas présent et c'est très bien ainsi. De deux sorts, il condamne les portes menant à ses appartements. Enfoncé dans son fauteuil, face à la fenêtre qui dévoile toute la noirceur du ciel, il se perd dans ses sombres pensées.

Plus tard, quelques coups frappés contre la porte le tirent de ses réflexions. Un vibrant « Je ne suis pas là » leur répond. Il sait que ça peut paraître stupide, comme réponse. Mais c'est le meilleur moyen de faire savoir à celui qui le cherche que si, il est là, mais que non, il ne veut voir personne. Vu les évènements actuels, inutile de mettre le château à feu et à sang pour le retrouver.

 

 

 

 

Il ne sort de ses appartements que le lendemain matin, après avoir longtemps tenté de se convaincre qu'il devait oublier l'esclave. Et c'est pour se rendre dans la bibliothèque. Il sait que le détachement qui part pour Rocnoir le fera tôt. Mais il ne veut pas assister à ce départ. Alors il se jette à corps perdu dans les dossiers ennuyeux à mourir. Il épluche les rapports des gardes et des espions de Nala pour oublier que son esclave part pour six jours. Et ça fonctionne plutôt bien. La journée passe ainsi, studieuse, laborieuse et terriblement silencieuse. Après deux ou trois essais de conversation infructueux, Elihus, qui l'a rejoint en milieu de matinée, ne dit plus un mot. Ils travaillent en silence, bercés par le crépitement des flammes.

 

Dans la soirée, un messager vient apporter des nouvelles de Nala. La rencontre avec le roi de Brevont a été plus ardue que prévu. Il juge le comportement de Lombeth trop offensant pour accorder sa clémence au nouveau roi. Il refuse en bloc toute idée de commerce avec Piéveth mais semble avoir accepté l'idée qu'une guerre n'est pas indispensable. Cette nouvelle, en demi-teinte, est très inquiétante. Brevont possède des frontières communes avec Pieveth : si le roi veut absolument en découdre, il peut attaquer de manière très rapide. Calith laisse une note à Loundor, lui recommandant de placer des sentinelles le long de cette frontière commune. Ils doivent à tout prix être prévenus du moindre mouvement de troupes. Nala a fait tout son possible, il n'en doute pas, mais lorsque l'orgueil d'un roi est bafoué, il est bien difficile de réparer les torts. Nala leur annonce qu'elle part désormais pour Vaulan, espérant y recevoir un meilleur accueil.

Gracilia passe la soirée avec le roi, déployant des trésors d'imagination pour le divertir et lui donner du plaisir. Il ne la renvoie pas, fait des efforts pour l'honorer, mais le plaisir est bien fade. De guerre lasse, la jeune femme déserte les appartements royaux à la mi-nuit.

 

 

 

 

Les deux jours suivant sont d'une morosité affligeante. Calith, le moral en berne, d'humeur sombre, ne parle que s'il y est obligé, ne mange que par habitude, et refuse tout net la présence de Gracilia dans ses appartements.

 

Mais le lendemain, alors qu'il traite un épineux sujet d'accords commerciaux, Elihus pénètre en trombe dans la bibliothèque. Il a le visage défait et ses mains serrent compulsivement un rouleau de manuscrits. Calith se rend tout de suite compte qu'il y a un problème et envoie un esclave chercher un petit remontant pour son conseiller. Ce dernier, d'une voix blanche, annonce :

 

- Les archivistes ont terminé de fouiller la salle du bourreau.

- Ils ont découvert des éléments intéressants ?

- Cet homme était arrivé en même temps que Lombeth. Et il soumettait les prisonniers à la question avec beaucoup de plaisir. Étonnamment, c'était un homme cultivé : il tenait des journaux, dans lesquels il inscrivait les moments forts de sa journée.

 

Calith s'empare vivement de la bouteille d'eau de vie de poire qu'on vient de leur amener et les sert généreusement. Il n'ose imaginer ce qu'un bourreau peut écrire sur des séances de torture. La voix dElihus, pourtant habituellement si sûre d'elle, vacille un peu lorsqu'il poursuit :

 

- Je t'épargnerai les détails. Nous les avons rapidement feuilletés pour en connaître le contenu et plus d'un archiviste a eu la nausée.

- Vous avez trouvé quelque chose en rapport avec le simplet ?

- Oui. Mais...

 

La main légèrement tremblante d'Elihus pose le rouleau de manuscrits sur le bureau. Puis il boit, cul sec, son petit verre d'eau de vie. Enfin, il lâche dans un murmure :

 

- C'est une lecture éprouvante, Calith.

- Je me doute. Je le lirai plus tard. Tu as des nouvelles, concernant l'enquête ?

- Loundor doit passer, tout à l'heure. Ils ont deux ou trois pistes assez prometteuses. Mais pas encore de coupable.

- Bien. Tu as des dossiers à me faire approuver ?

- Non, rien pour le moment. J'ai passé la moitié de la journée dans cette salle sordide... D'ailleurs, à ce sujet. Que veux-tu qu'on fasse de ces manuscrits ? On les brûle ?

- J'aimerais beaucoup. Mais ils peuvent être source d'informations. Qu'on les garde en archives.

- D'accord.

 

Le regard de Calith ne cesse de revenir sur le rouleau de manuscrits. Qu'importe l'horreur qu'ils renferment, il doit savoir. Il se lève soudainement et déclare :

 

- Je te laisse voir avec Loundor ce qu'ils ont appris concernant l'enquête. Je vais lire ces rouleaux dans mes appartements.

- D'accord. Je ne viendrai qu'en cas d'urgence.

- Merci.

 

Pressentant qu'il en aura bien besoin, Calith attrape au passage la bouteille d'eau de vie. Puis, muni du rouleau, il regagne ses appartements. Il demande à Lanen d'aller ailleurs, où il veut mais ailleurs, et scelle la porte d'un sortilège. Malgré la fraîcheur de la pièce, il a les mains moites. Il redoute bien trop ce qu'il va lire pour avoir l'esprit tranquille. Et est-ce que ça va seulement l'aider à en apprendre plus sur son esclave ? Finalement, il s'installe sur son fauteuil, près de la fenêtre, et déroule les manuscrits. L'écriture est soignée, plaisante à lire, mais les mots, dès le début, donnent la nausée à Calith.

 

Il est allongé sur une table en bois brut. Son dos est solidement plaqué à la surface rugueuse par deux liens, en bas de son ventre et au milieu de son torse, et qui sont noués sous la table. Deux autres liens, sous l'épaule et au poignet, immobilisent ses bras le long des pieds de la table. Il doit faire un effort pour que sa tête, hors de la table, ne pende pas dans le vide.

Deux autres cordes, encore, qui lient solidement ses cuisses aux chevilles, et qui bloquent ses pieds aux angles de la table en étant nouées à la base de la table. Ses jambes sont largement ouvertes, laissant une vue imprenable sur son intimité.

Il est parfaitement immobilisé dans cette position, incapable de bouger plus que la tête et les doigts. Déjà, la morsure du chanvre sur sa peau le fait grimacer. L'inconfort se fait sentir, lui aussi.

Je le regarde en souriant. Il me renvoie un regard vide. Je contourne la table, m'approche de ses jambes. Un éclair de frayeur parcourt ses yeux. Depuis le temps, il sait que rien ne lui sera épargné. Je ne me lasse pas. La corde que j'ai pris est fine, pas très longue, un peu plus douce que les autres. Sans douceur, j'attrape ses bourses, les serre un peu, juste assez pour le faire grimacer. Les tire vers moi, jusqu'à ce qu'il gémisse. De ma main libre, j'enroule la corde autour de la peau étirée, juste sous son sexe. Je serre, fais un nouveau tour de chanvre, serre encore. Je le lâche pour aller chercher une corde similaire. Son regard a reflété du soulagement, l'espace d'une seconde. C'est marrant, comme ils peuvent espérer que ça s'arrête là.

Son sexe semble se recroqueviller sur lui-même, comme pour se protéger. Je souris. Et noue solidement la nouvelle corde à la base de son pénis. C'est ensuite un petit sac de cuir que je vais chercher, et dans lequel j'enferme ses parties intimes. Il est juste à sa taille. Je tire sur les liens du sac jusqu'à ce qu'ils atteignent le petit crochet, vissé dans la table, à hauteur de son flanc droit. Son sexe remonte de manière bien peu naturelle sur son ventre, dévie vers la droite. Il gémit plus fort. Ce qui m'intéresse est désormais parfaitement accessible.

Mais je le laisse pour le moment, me dirige vers ma table pour y prendre un bol d'eau fraîche où flottent quelques feuilles. Un remède de grand-mère, très efficace, pour aider les malheureux qui ne parviennent pas à honorer une femme. Même s'il ne ressent aucun plaisir, aucun désir, son sexe va se déployer. Durcir et gonfler, en signe d'excitation. Et entre la corde et le sac, ce sera douloureux. Et je me régalerai de ses gémissements. Peut-être de ses cris, si tout va bien.

Je lui présente le bol devant les lèvres. Il sait ce que c'est, bien sûr, ce n'est pas la première fois. Mais il n'a pas bu depuis la veille, ses lèvres sont gercées et saignent, sa bouche pâteuse. Il boit. Mon sourire s'élargit. Je tapote sur le petit sac de cuir, quelques coups seulement. Il se crispe dans les liens, se débat vainement. Gémit plus fort. Il est prêt.

Il est prêt mais je le laisse ainsi une trentaine de minutes, le temps de faire ces quelques corvées obligatoires qui m'incombent. Le temps qu'il digère son aphrodisiaque. Le temps qu'il imagine les sévices qui l'attendent.

Quand je suis prêt, je vais chercher deux prisonniers. Ils m'attendent impatiemment, comme à chaque fois. Nous ne prononçons pas un mot, c'est inutile. Quand ils rentrent dans mon cabinet, ils sont fiers d'être les premiers. Ils échangent quelques phrases, le temps de se mettre d'accord sur le rôle de chacun. Ils tapotent un peu le sac de cuir en ricanant. Il pousse un léger cri.

Je pourrais modifier l'enchantement qui anime le collier d'acier qui orne son cou, large d'une huitaine de centimètres, afin qu'il ne puisse plus ni gémir ni crier. Mais ses cris ne durent que le temps que sa bouche soit vide, et ensuite, les petits bruits qu'il émet sont bien trop excitants pour s'en priver.

Les deux prisonniers n'ont pas ma délicatesse. L'un positionné devant ses lèvres, l'autre devant son anus, ils écartent des deux pouces l'orifice face à eux. Ils se regardent, sourient comme deux gamins qui vont faire une bêtise. Et d'un même mouvement, s'enfoncent profondément en lui. Il crie malgré son bâillon de chair, avant de s'étouffer. Mais ça n'arrête pas le prisonnier, qui poursuit son pilonnage avec zèle.

Je me suis assis sur mon fauteuil et les observe en me caressant. Je devine que le sexe du prisonnier s'enfonce trop loin dans sa gorge, que son corps essaie de le rejeter en ayant des haut-le-cœur. Et je sais à quel point cette sensation de resserrement compulsif autour du sexe peut être bon. Les deux compères s'agitent un long moment avant de jouir dans un râle de plaisir. Je les raccompagne, dociles, jusqu'à leur cellule. Ils ne l'ont pas regardé un seul instant, si ce n'est pour admirer leur sexe conquérir son corps.

Quand je reviens avec deux autres prisonniers, il est toujours en train de tousser et d'essayer de reprendre son souffle. Ces deux-là n'ont pas la même coordination que les précédents, et le prennent sans se soucier de leur complice. Ils échangent de place, plusieurs fois. Je devine qu'il n'aime pas ça. Je souris.

Lorsque les douze prisonniers sélectionnés sont passés, je reste seul avec lui dans mon cabinet. Il semble ne plus avoir la force de tenir sa tête relevée, et la laisse pendre dans le vide. C'est une invitation. Je dénoue les liens de mon pantalon et mon gland parcourt ses lèvres gercées, recouvertes d'un excédent de salive. Il ne réagit pas. Mon pouce appuie sur son menton, le force à ouvrir la bouche. Lentement, je m'enfonce dans sa cavité chaude, encore un peu humide. Ses dents frôlent mon sexe, je devrais peut-être lui faire arracher, pour qu'il ne reste que douceur.

Mon sexe poursuit son avancée, bute un peu. Je force. Je sens nettement le moment où j'arrive au niveau de son collier d'argent. Sa chair ne peut pas s'épanouir librement et est compressée. Ce n'en est que meilleur. Surtout qu'elle se resserre compulsivement autour de moi, m'aspire et me repousse en même temps. M'aspire lorsqu'il tente vainement de prendre son souffle. Me repousse, lorsque tout son corps lutte pour expulser le corps étranger. Je suis parfaitement positionné pour voir ses bras tressaillir, tenter de se libérer pour me repousser. Ses jambes tentent également de bouger, elles ont une pris une couleur un peu bleuté, très jolie. Je m'enfonce jusqu'à la garde, jusqu'à ce que mes testicules reposent sur ses narines et l'empêchent définitivement de respirer. Et je tapote le sac de cuir, doucement. Son gémissement étouffé me fait perdre toute retenue. Je le pilonne vigoureusement, repoussant ses limites physiques, et mes coups sur son sexe se font de plus en plus fort à mesure que mon plaisir augmente. Il crie désormais, du moins, il tente. Mais ses gestes pour se libérer se font de plus en plus faibles, alors je me retire, le temps de lui laisser reprendre son souffle. Quand il est inconscient, c'est bien moins marrant. Il pleure et s'étouffe avec sa salive. Je le laisse faire en pinçant durement ses tétons. Puis quand il se calme enfin, je reprends où je m'en étais arrêté. J'aime ce jeu, et j'aime contrôler ma jouissance. Aussi fais-je durer ce manège un long moment : je le mène au bord de l'inconscience, le libère le temps qu'il reprenne son souffle, puis m'enfonce à nouveau avec délectation dans sa gorge. Jusqu'à la jouissance ultime, qui me laisse les jambes tremblantes.

 

 

Calith avale une longue rasade d'alcool qui lui brûle l'œsophage. Il se sent mal. Les battements de son cœur résonnent dans ses oreilles et il a les mains moites. La lecture de ces tortures, de l'utilisation du simplet comme objet sexuel et objet de souffrance, est insoutenable. Il parcourt rapidement les nombreuses pages suivantes. Et réalise que ce qu'il a lu n'est, en fait, qu'une douce entrée en matière. Les sévices suivants, certes répartis en plusieurs séances, sont bien pires. Le bourreau faisait preuve d'une imagination impressionnante pour faire souffrir l'esclave, repoussant sans cesse ses limites physiques, alliant magie et objets de toute sorte.

 

Mais dans quel but ? Le bourreau connaissait parfaitement l'existence du sort de silence, puisqu'il en usait et abusait. Pire, c'était lui qui s'était arrangé avec Lombeth pour mettre ces sorts sur le collier, juste après l'arrivée du simplet à Pieveth. Et visiblement, s'il voulait l'entendre crier, il ne souhaitait pas qu'il parle. Pourquoi torturer quelqu'un, si ce n'est pas pour lui faire avouer quelque chose ? Et comment faire avouer quelque chose si la personne est incapable de parler ?