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Titre du blog : Histoires yaoi
Auteur : histoiresyaoi
Date de création : 31-05-2013
 
posté le 07-07-2013 à 21:35:04

Pieveth, Chapitre 22

 

 

Attention, ce chapitre comporte une partie écrite en blanc : il s'agit d'un passage difficile, qui pourrait choquer les âmes sensibles. Si vous souhaitez tout de même le lire, il suffit de sélectionner le passage pour qu'il apparaisse. Sinon, vous pouvez simplement ignorer ce passage : un court résumé, sans détails, est disponible à la suite.

 

Il gémit, dans ce moment magique où le sommeil brouille encore la réalité mais où il perd peu à peu du terrain. Il se blottit un peu plus contre la douce source de chaleur. Frotte doucement son front sur cette présence soyeuse. Jusqu'à ce que son front se cogne au métal. Le collier d'esclave. Iezahel.

Et il sourit, le roi, il sourit de cette nuit fantastique, peuplée de doux rêves apaisants. Il n'avait pas aussi bien dormi depuis...

 

Et bien, depuis ce jour fatidique où Loundor, plus jeune, s'était rué sur lui, caché dans la salle du trône, pour l'attraper à bras-le-corps et s'enfuir du château. Le jour où il regardait, paralysé, son père, sa mère, et sa sœur se faire occire par l'Imposteur. Lombeth savait que le prince héritier lui avait échappé. La course folle de Loundor, qui avait appris le drame qui se déroulait dans la salle du trône par miracle, ne s'était interrompue que le temps de rassembler une poignée de fidèles au roi. Il fallait éloigner le prince au plus vite, le mettre à l'abri. Mais Lombeth avait lancé ses hommes à leur poursuite. Et pendant des jours et des semaines, ils avaient fui. Ils s'étaient cachés comme des hors-la-loi, changeant de campement toutes les nuits, évitant soigneusement tout vie humaine. Et même ensuite, il avait fallu se déplacer, sans cesse, pour ne pas attirer l'attention. Calith était épuisé mais le sommeil, peuplé de visions de mort, toujours léger pour pouvoir partir à la moindre alerte, ne lui offrait guère de repos.

 

Et désormais, bien que la traque ait cessé, ce sont d'autres cauchemars qui hantent ses nuits. Des cauchemars remplis de chiffres, d'enfants mourant à petit feu de faim, de tueurs impitoyables.

Mais cette nuit, seule une douce torpeur a envahi ses rêves. Il est bien, là, blotti contre Iezahel. Il s'étire doucement pour mieux se pelotonner contre le corps assoupi.

 

- Bonjour Sire.

 

Un grognement étouffé par le sommeil répond à la salutation de l'esclave. Puis Calith marmonne, à peine compréhensible :

 

- Rendors-toi, il ne fait pas jour.

 

Silence. Le roi ouvre un oeil. Le dragon, ailes déployées, est tout proche. Du bout de l'index, tout doucement, il en suit les contours. La chair, brûlée, forme d'infimes reliefs. Et Iezahel s'est crispé, les muscles noués. Calith suspend directement son geste. Mais une certaine partie de son anatomie s'est réveillée et se redresse, intéressée. Et lui, il brûle d'envie de poser ses lèvres sur sa peau, de la caresser. Il convoite ce corps si désirable. Il veut l'amener, pas à pas, jusqu'à l'extase. Et ça, l'esclave l'a compris. C'est infime, bien sûr, il ne peut pas repousser les avances royales comme ça, mais il s'est légèrement écarté. Tout son corps, désormais, fait bloc contre l'attaque imminente. Calith l'a bien senti, car il s'éloigne légèrement et s'allonge sur le dos. Se frotte les yeux en demandant :

 

- Quelle heure est-il ?

- Près de onze heures, Sire.

- Hein ?

 

Calith se redresse dans le lit tel un ressort. Et invective l'esclave :

 

- Onze heures ? Mais pourquoi tu ne m'as pas réveillé ? Je n'ai pas que ça à faire, de rester au lit !

- J'obéis aux ordres, Sire.

- Ce ne sont certainement pas les miens !

- Non Sire. Loundor est venu, à l'aube. Quand il a vu que vous dormiez si bien, il m'a ordonné de rester couché avec vous jusqu'à ce que vous réveillez. Quelle que soit l'heure.

 

Une bordée de jurons salue cette explication. Traîner au lit, alors que l'assassin court toujours, que le royaume est à reconstruire. C'est bien indigne d'un roi, ça ! Repoussant rageusement l'édredon, il se lève vivement et se précipite dans la salle d'eau. Et pendant qu'il se rase, la psyché lui renvoie l'image d'un roi reposé, aux cernes atténués. Il se sent bien, ce matin. Il a l'esprit clair, des muscles en alerte. Après tout...

 

 

 

 

Lorsqu'il rejoint son bureau, quelques minutes plus tard, escorté par un Iezahel penaud, il trouve Loundor et Elihus en pleine conversation. Et les deux conseillers sourient, largement, heureux. Calith bougonne pour la forme, en allant s'installer derrière son bureau. Mais il remercie tout de même Loundor pour sa prévenance. Puis il passe aux choses sérieuses :

 

- Où en est l'enquête ?

- Nous avons arrêté les deux nobles que surveillaient les espions de Nala et nous les avons interrogés. Il s'avère qu'ils n'ont rien à voir avec les meurtres. Sauf que nous avions raison de les surveiller. Ils ont fini par avouer qu'ils projetaient de te faire assassiner. Bon, ils n'arrivaient pas à trouver le contact qui permet de se mettre en relation avec un assassin professionnel, et si tu veux mon avis, ils ne sont pas très doués. Mais on ne peut pas les laisser en liberté. Ils sont donc en geôles, en attendant que Elihus, Bunamel et Jeus décident de leur sort.

- Est-ce qu'ils avaient des complices ?

- Non. Ils n'étaient que tous les deux, réunis par leur ferveur envers Lombeth. Et leur haine envers toi, qui a osé tuer leur roi.

- Bon. Je suppose que les hommes de Nala savent qu'ils doivent continuer à surveiller ? Je ne veux pas que d'autres prennent exemple.

- Évidemment. Et je pense qu'on devrait déclarer une peine exemplaire, pour eux. Histoire de tuer dans l'oeuf tout idée d'imitation.

- Nous verrons ça au moment du jugement. Autre chose ?

- Oui. Mes hommes et moi avons passé une partie de la nuit à interroger des esclaves mâles. Mais ça ne donne strictement rien. Ils ne savent rien, ils ne sont au courant de rien. Bon, on a découvert deux trois broutilles, des coucheries et des vols mineurs. Mais rien sur le tueur. On va continuer, Calith, quitte à interroger les centaines d'esclaves qui grouillent dans ce foutu château. Mais je me demande si nous sommes sur la bonne voie.

 

La mine défaite du Général montre toute l'ampleur de sa frustration. Et c'est Elihus, très calme, qui partage leurs idées communes :

 

- On en discutait, en t'attendant. Nous sommes partis sur la théorie qu'un esclave serait l'assassin suite à un témoignage. Mais si nous sommes sûrs que la jeune fille n'a pas menti, rien ne nous assure que ses déclarations sont fiables. La fête avait déjà commencé, dans la cour, ce jour là. Elle avait peut-être bu et ses sens ont été trompés par l'alcool. Et puis, elle le dit elle-même : il faisait sombre dans les couloirs. Elle a pu se tromper du tout au tout. Enfin, nous savons que le tueur est intelligent. Et s'il s'était déguisé en esclave pour commettre ce meurtre ? Personne ne prête attention aux asservis, tant qu'ils font leur travail et qu'ils restent à leur place. Et Voinon se charge très bien de les dresser dans ce but. Cet état de fait n'est un secret pour personne. Le tueur, s'il veut passer inaperçu, a tout intérêt à se camoufler. A être visible tout en étant invisible. Il sait également qu'il va nous faire perdre du temps à interroger les nombreux esclaves du château. Et il est très facile de se procurer un pagne et un collier.

- Mais c'est peu flatteur.

- En effet. C'est humiliant, pour un noble, de se faire passer pour un esclave. Mais le tueur nous a montré qu'il est particulièrement déterminé. Il poursuit les meurtres malgré l'enquête, le couvre-feu et le climat de paranoïa qui s'installe. Un déguisement ne l'arrêtera pas.

- Alors Loundor, je te laisse faire travailler tes hommes sur cette hypothèse.

- Bien.

 

Le Général se lève, déployant sa silhouette massive. Et il les salue avant de quitter le bureau.

 

- Elihus ? Tu sais ce qu'il a ?

- Bah. Il enrage de ne pas avoir la plus petite information a se mettre sous les crocs. Il la l'impression que le tueur le défie personnellement. Et comme tu le connais, il n'aime pas ça.

- Et c'est peu de le dire.

 

Ils échangent un sourire complice. Calith remarque alors les cernes noirs, l'air épuisé, la lassitude des gestes quand le conseiller réuni quelques dossiers pour en faire une pile bien droite. Ils sont tous à bout. Mais Elihus ne lui laisse pas le temps de faire une réflexion. Il annonce :

 

- Je mange avec les archivistes, aujourd'hui. Je te laisse quelques dossiers à regarder, si tu le peux. Je reviens en début d'après-midi.

- D'accord. A tout à l'heure.

 

En pleine forme, Calith s'attaque donc aux nombreux dossiers en attente. Tout lui semble plus clair, aujourd'hui, comme si les chiffres prenaient soudain tout leur sens, comme si les rapports les plus complexes de diplomatie devenaient limpides. Et ce n'est que lorsqu'un esclave apporte le déjeuner qu'il relève la tête, la pile d'affaires en cours bien entamée. Iezahel est immobile dans un coin de la bibliothèque. Si sa présence s'estompe quand le roi discute avec ses conseillers, dès qu'ils se retrouvent tous les deux dans la pièce, il semble répandre son aura. Et Calith, devant le plateau, ne peut que l'inviter à manger avec lui. Ils commencent par le potage léger qui fait office d'entrée, sans échanger une seule parole. Ce n'est pas que Calith n'a rien à lui dire, loin de là, mais il n'ose pas se lancer, de peur que mettre des mots sur la nuit précédente la rende trop concrète et dissipe ce rêve.

Mais la curiosité est trop forte alors, quand ils entament la tourte à la viande, il demande :

 

- Ce n'était pas uniquement pour ma sécurité que tu m'as proposé de dormir dans ma chambre, hier, n'est-ce pas ?

 

Iezahel s'empourpre soudain et pique du nez dans son assiette. Et dans un murmure, il répond :

 

- Non Sire.

- Dès le début, tu voulais dormir avec moi ?

- Oui Sire.

- Pourquoi ?

- Les banquettes ne sont pas très confortables, Sire.

 

Calith plonge son regard sur le visage impassible, et toujours rougissant, de l'esclave. Serait-il en train de... plaisanter ? Et Iezahel se rend bien compte que sa réponse n'a pas plu. Alors il murmure :

 

- Je voulais dormir avec vous, Sire. Ça fait du bien.

- Mais...

 

Le roi, qui sait se montrer si bon orateur, se retrouve à court de mots. Il n'ose imaginer ce qu'impliquent ces aveux. Alors Iezahel poursuit, espérant éclaircir les choses :

 

- Je... je sais que je ne suis qu'un esclave. Et que c'était terriblement impertinent de m'inviter dans votre lit, Sire. Et si vous estimez que je mérite d'être corrigé, je l'accepterai. Mais vous avez été bon avec moi, Sire. Vous vous êtes intéressé à mon sort, vous m'avez libéré.

- Alors tu l'as fait par reconnaissance ?

- Non Sire ! Enfin, si. Enfin, bien sûr, je vous suis reconnaissant, infiniment même. Mais ce n'est pas pour cette raison. Je... je voulais juste être avec vous, Sire. J'en suis navré.

 

Il ne prononce plus un mot. Et sur son visage, Calith peut discerner son trouble intérieur. Mais que l'esclave se lève de table, s'éloigne et regagne sans un mot le coin de la pièce où il a passé une partie de la matinée, le surprend. Alors il réagit comme un roi :

 

- Iezahel, reviens.

 

Et c'est une voix royale, autoritaire, qu'il emploie. Sauf que l'esclave n'obéit pas. La colère s'en mêle, fatalement, et ça s'entend lorsqu'il répète :

 

- Iezahel, c'est un ordre. Reviens immédiatement.

 

Mais c'est le simplet qui s'approche, le regard rivé au sol, la démarche gauche, les doigts qui se tordent nerveusement. Et le silence, glacial, vibrant de colère le pousse à tomber à genoux devant son roi. Mais ce dernier, sans pitié, assène :

 

- Explique-toi.

 

Des larmes d'humiliation dévalent les joues de l'esclave. Mais l'ordre a été donné, et il ne peut s'y soustraire. Alors dans un murmure étouffé, il avoue :

 

- J'ai honte, Sire, tellement honte. J'en suis indigne, Sire. Je ne suis qu'un insignifiant esclave qui ne mérite pas votre attention. Et je sais que je n'aurais jamais dû oser m'inviter dans votre lit. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je n'aurais jamais dû. Mais ça me fait tellement de bien, quand vous me serrez dans vos bras. Je me sens bien, avec vous, en sécurité. Et... je...

 

La tentation d'ordonner qu'il poursuive est grande, pour Calith. Mais ces aveux l'ont ému. Et c'est d'une main douce qu'il caresse le crâne rasé à hauteur de ses hanches. Alors, à son tour, il admet :

 

- J'ai passé une excellente nuit, avec toi dans mes bras. Je désirais, moi aussi, dormir avec toi. Mais je ne voulais pas te le proposer. D'abord, parce que je savais que tu ne refuserais pas, même si tu n'en avais pas envie. Et parce que je ne pensais pas qu'un loup-garou pouvait aimer la tendresse d'un homme.

 

Le loup-garou en question lui jette un regard surpris, avant de se ressaisir et de baisser servilement la tête. Avec la tendresse d'une mère, Calith essuie les larmes sur ses joues avant de poursuivre.

 

- Je sais que les loups n'aiment pas les relations avec des personnes du même sexe qu'eux. Je ne voulais pas t'imposer ça.

- Et si certains aimaient ?

- Tu aimes, toi ?

 

C'est un hochement de tête, infime, à peine perceptible, qui lui répond par l'affirmative. Et qui, encore une fois, laisse le roi muet. Il les connaît, les loups-garous, pour côtoyer Loundor depuis sa plus tendre enfance. Et jamais, jamais, il n'avait entendu de telles choses. L'animal fait partie intégrante de l'homme. Et les animaux ne s'accouplent pas pour le plaisir mais pour la reproduction. Il se prend le doute, qui surgit soudainement, en plein fouet. Iezahel lui ment. Il lui ment pour s'attirer ses faveurs, pour prouver sa loyauté ou pour lui faire plaisir, mais il lui ment, c'est certain. Et si la douleur d'une telle certitude lui broie la poitrine, il souffre plus encore d'avoir espéré, l'espace de quelques minutes, qu'eux deux, c'était finalement possible. Il doit parler à Loundor. De toute urgence.

Il se lève brusquement, ouvre violemment la porte derrière laquelle Jérémias monte fidèlement la garde, et lui ordonne d'aller chercher le Général.

 

 

 

 

Mais lorsque la porte s'ouvre, quelques minutes plus tard, c'est Elihus qui rentre. Elihus, qui fronce les sourcils à la vue de Iezahel, toujours à genoux, et du roi, qui tourne comme un lion en cage dans son bureau. Et Calith n'a pas l'air spécialement content de voir arriver le conseiller. Mais Elihus ne s'en formalise pas. Il s'avance, comme si de rien n'était, devinant que son souverain n'aura pas envie d'en parler, et étudie les dossiers approuvés. Il règne un silence pesant, dans la pièce, uniquement rompu par le martèlement des pas royaux sur le sol.

 

Et Loundor arrive. Mais Calith refuse d'aborder le sujet avec Elihus dans la pièce. Alors, d'un ton un peu sec, il demande à Iezahel de reprendre sa place. Il s'assoit à son bureau et leur parle d'un dossier, concernant les évolutions de l'armée à prévoir. C'est un dossier qui doit être examiné depuis un moment, et qui requiert la présence des deux conseillers. C'est surtout un moyen pour ne pas perdre la face, mais ça, il ne l'avouerait pour rien au monde.

 

Ils n'ont pas le temps d'avancer beaucoup qu'ils ont interrompus par Jérémias, qui fait entrer un messager dans le bureau. Calith l'accueille avec le sourire : enfin des nouvelles de Nala ! Il récupère rapidement le rouleau de parchemins tendus par le messager et l'invite à aller boire un vin chaud en cuisine. Avec un demi-sourire, il déplie les manuscrits et s'apprête à lire à voix haute. Mais dès les premiers mots qu'il parcourt des yeux, son sourire disparaît. Ce n'est pas un message de Nala.

 

Les deux esclaves sont prêts. Ils sont assis sur deux chaises toutes simples. Leurs chevilles sont liées, serrées, aux pieds de la chaise par une corde qui remonte ensuite jusqu'aux genoux, s'enroulant autour de la chair et du bois comme un serpent. Leurs cuisses sont aussi contraintes par le chanvre, condamnées à ne faire qu'un avec l'assise. De l'aine jusqu'aux aisselles, une seconde corde les oblige à rester le dos bien droit contre le dossier. Leurs bras sont laissés libres, si ce n'est au niveau des mains. Les poignets sont entourés d'une cordelette, fine mais particulièrement résistante, et reliés ensemble. Mais tout le génie de cette contrainte, c'est que la cordelette est glissée sous une autre, celle qui serre fort les organes génitaux des deux asservis, avant de lier le second poignet. S'ils bougent les mains, cela ne se fera pas sans douleur.

H. est en retard, alors nous l'attendons, sans trop d'impatience. Les paris sont lancés et chacun négocie âprement ou augmente la mise. P. s'est glissé dans le dos de l'un des esclaves et lui murmure quelques mots à l'oreille, déclenchant des tremblements. Nous éclatons de rire. Il en rajoute alors, murmurant encore à l'oreille tout proche. Cette fois, ce sont des larmes qui remplissent les yeux de l'asservi. Il devrait pourtant le savoir : c'est inutile. Les larmes ne lui serviront à rien quand les jeux auront commencé.

Et justement, H. pénètre dans la Salle. Nous le saluons à grand renfort d'accolades et nous lui parlons des paris en cours. Nos voix résonnent sous la voûte, nos rires aussi : ce sera une excellente soirée. Nous lui proposons une coupe de vin avant de nous intéresser à nouveau aux esclaves. L. est passé dans leurs dos, et d'une incantation chuchotée, il resserre légèrement leurs colliers. La magie est un don formidable ! Et tellement précis ! Là, il serre juste assez pour qu'ils ressentent une gêne. Peu à peu, leurs visages virent au rouge, mais ils n'ont guère de difficulté à respirer. Mais c'est plaisant, de lire la peur dans leurs regards.

L. se lasse vite. T. installe, tout contre le ventre des asservis, un mètre de couturière. Partant de leur entrejambe, il remonte jusqu'au collier, bien plaqué contre la peau. Le moindre détail à son importance, lorsqu'il y a tant d'argent en jeu.

Une incantation plus tard, et le collier les empêche légèrement de respirer. Dans un geste stupide, ils ouvrent grand la bouche à la recherche d'air, comme si ça allait changer quoique ce soit. Leurs mains commencent à s'agiter un peu, mais la douleur provoquée à l'entrejambe les arrête rapidement. Pour le moment.

Car quand L. resserre une fois encore le collier, il déclenche cette délicieuse panique que nous aimons tant. Les cris fusent et les encouragements jaillissent de toute part. Aussi excité que nous, L. serre encore d'un cran les colliers. L'air n'arrive plus dans leurs poumons et ils paniquent. Les yeux exorbités, ils se débattent. Parce que tout être humain a le réflexe de porter ses mains au cou en cas d'étranglement, ils tirent comme des damnés sur les liens qui ligotent leurs sexes. Nous arrivons au moment délectable où ce n'est plus la tête qui commande et qui tente d'épargner ces parties si sensibles. C'est le corps, qui se débat vainement pour enlever ce qui le tue lentement, qu'importe les dégâts collatéraux, quitte à s'arracher le sexe. T. s'est rapproché et note consciencieusement la hauteur à laquelle s'élèvent les mains. Mon regard s'attarde sur les sexes devenus violets. Et sur la panique que je peux lire sur leurs visages. Mon membre est dur comme de la pierre et je rêve de pouvoir l'enfoncer dans ces bouches grandes ouvertes.

Puis L. relâche la pression. Les deux esclaves aspirent de grandes goulées d'air, s'étouffent un peu. T. déclare celui de gauche vainqueur de la première manche. Vainqueur, car ses mains se sont élevées plus haut que celles de l'autre. Je bois une gorgée, contrarié. C'est que j'ai parié sur l'autre, moi.

Puis L. serre à nouveau les colliers, pour la seconde session. Ils n'ont pas tout à fait eu le temps de reprendre leur souffle et ils se débattent davantage. L., pour pimenter le jeu, fait durer un peu plus longtemps la strangulation. Et c'est mon esclave qui gagne !

La dernière session est la manche décisive. Nous crions nos encouragements aux deux asservis, qui essaient vainement de se débarrasser du collier qui les étouffe. La cordelette, à force d'être soumise à tant de pression, entame la peau et décuple leur douleur. Mais ils tirent toujours aussi forts sur ces liens, dans l'espoir aberrant d'enlever le collier. Leurs mains s'élèvent plus haut que le nombril, étirant leurs sexes au maximum. Et l'esclave sur qui j'ai parié remporte cette manche !

L. desserre complètement leurs colliers tandis que nous fêtons notre victoire et empochons l'argent. Les perdants, eux, font grise mine. Mais tous les pantalons sont déformés par de belles bosses, preuve de l'excitation générale.

Les deux asservis ont un peu de mal à s'en remettre mais nous n'allons tout de même pas attendre pour eux. Les perdants s'approchent de l'esclave vaincu et défont ses liens. Puis, vexés et en colère, l'entraînent brusquement jusqu'à une table toute proche. B. D. et H. le prennent violemment, par la bouche ou pas derrière. Sans douceur, ils lui font comprendre leur mécontentement à grands coups de reins rageurs. L. P. et moi-même nous approchons de l'esclave vainqueur et l'emmenons sur une autre table. Mon membre est douloureux a force d'excitation et je ne me fais pas prier pour l'enfoncer brutalement dans la bouche ouverte de l'esclave.

 

La suite, Calith est incapable de la lire. Ces sept hommes, H., L., T., B., D., P. et le narrateur , non contents de parier et de s'exciter devant les tortures qu'ils infligeaient aux deux esclaves, avaient poursuivi leur soirée de débauche, empalant le vainqueur sur un instrument de torture et jouissant de le voir s'épuiser à tenter de retirer l'objet de son corps. L'horreur de la lecture lui fait jeter le manuscrit sur la table. Elihus s'en empare, l'air sombre, pressentant qu'il ne s'agit pas de bonnes nouvelles.

 

Calith va à la porte demander à Jérémias de faire venir immédiatement le messager. Elihus résiste moins longtemps que Calith et passe, le visage blême, les écrits au Général. Qui parcourt des yeux les feuillets en jurant entre ses dents.