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Titre du blog : Histoires yaoi
Auteur : histoiresyaoi
Date de création : 31-05-2013
 
posté le 19-07-2013 à 16:35:35

Pieveth, Chapitre 26

 

 

 

 

 

Calith acquiesce en silence. Il partage complètement les avis de ses conseillers. Alors il leur expose son idée longuement réfléchie dans les bras de Iezahel. Il la développe pendant plusieurs minutes, en argumentant chaque phrase, chaque solution. Et peu à peu, sur les visages de Loundor, d'Elihus et de Iezahel, le sourire revient. Et ils valident tous cette solution.

Le roi ordonne donc à Alima de faire prévenir la cour qu'il leur parlera dans une heure. Puis il regagne ses appartements où, avec application, Iezahel l'aide à enfiler ses habits d'apparat. Lorsqu'il est prêt, il se rend dans la salle du trône. Peu de gens sont arrivés, pour le moment, et il va s'asseoir en haut des cinq marches, sur l'imposant fauteuil aux décorations dorées. Loundor et Elihus le rejoignent peu après, eux aussi vêtus de leurs plus beaux atours. Iezahel, quant à lui, digne et grave dans son simple habit de soldat, prend position derrière le trône et scrute la foule qui s'amasse petit à petit.

 

 

 

 

L'heure est venue. Lorsqu'un serviteur fait sonner le cor, signe que le roi va s'exprimer, le silence se fait immédiatement. Et Calith, rassemblant toute sa majesté, déclare d'une voix assurée :

 

- Je vous remercie d'être tous venus. Les informations que j'ai à vous communiquer sont de la plus grande importance. J'ai grand plaisir à vous annoncer que le meurtrier a été découvert. Comme je vous l'avais annoncé, nous étions sur sa piste. Se sachant menacé, le tueur a donc préféré mettre fin à ses jours. Jeus, l'archiviste, s'est pendu dans une pièce inutilisée du château. Nous avons retrouvé sur lui une lettre, qui avoue tous ses crimes et les raisons de ses actes. Ces raisons sont difficiles à entendre, et par égard pour les femmes ici présentes et les plus jeunes, je n'en dirais pas un mot. Il est inutile de chercher à en savoir plus : les personnes au courant ont juré le secret. Les gardes présents dans le château vont donc regagner leurs postes habituels. Et le couvre-feu n'a plus lieu d'être. Je vous souhaite une excellente journée.

 

Il a à peine le temps de terminer sa phrase qu'un incroyable brouhaha résonne dans la salle du trône. Refusant de répondre aux questions, il quitte les lieux pour regagner ses appartements et changer ses vêtements d'apparat pour d'autres, bien plus confortables. Ensuite, toujours accompagné de ses deux conseillers et de son garde du corps, il se rend dans les geôles.

 

 

 

 

Il ordonne aux surveillants de faire sortir Lanen et Jérémias de leur cellule et de les conduire à la salle d'interrogatoire. Une fois tous à l'intérieur, il ferme soigneusement la porte pour être certain que sa décision restera entre eux.

Lanen est immobilisé sur la chaise d'interrogatoire, le visage serein. Jérémias aussi a repris contenance. La nuit qu'ils ont passé ensemble lui a visiblement permis de mettre les choses à plat avec son amant. Il se tient tout contre la chaise, la main sur l'épaule de l'esclave. Calith tente de laisser les sentiments qu'ils lui inspirent de côté et déclare :

 

- Bien. Commençons. Lanen, tu as avoué avoir tué le baron de Beoan, le duc de Peliel, le prêtre Hélion ainsi que le Comte de Dascien. Ces meurtres, motivés par la vengeance, doivent être punis. Et en cas de crime, le châtiment est la mort.

 

Les yeux de Jérémias se remplissent de larmes. Dans ceux de l'esclave, une lueur étrange brille, comme si, soudain, il regrettait ces gestes car ils lui font perdre son amant. S'il avait rencontré le soldat plus tôt, aurait-il agit de la sorte ? Ne pas se laisser attendrir ! Calith poursuit donc d'une voix égale :

 

- Tu as fait justice toi-même, Lanen. Il y avait d'autres moyens, pour les châtier : le recours à la justice royale. Et toi, tu as estimé que tu pouvais t'en passer. Ce comportement te fait rentrer dans la même catégorie que tes bourreaux : tu es un criminel désormais. Et les faits sont graves, très graves. Cependant, je te crois quand tu nous dis que tu vas t'arrêter là. Sache que, en cas de délit dans le château, tu seras sans doute le premier suspecté.

 

Les regards du soldat et de l'esclave se vrillent dans ceux du roi, incrédules, interrogateurs. Calith lève une main, pour leur faire signe qu'il compte bien terminer avant qu'ils ne l'interrompent, et continue :

 

- Le cas est exceptionnel et ne se reproduira plus. Si tu déçois notre confiance, notre clémence n'aura plus lieu d'être : tu seras exécuté. Et ce, quel que soit le crime que tu puisses commettre, même un petit vol. Je te veux irréprochable, Lanen. J'ai arrangé la vérité, face à la cour. Le meurtrier est Jeus, qui s'est suicidé par remords. Ils ignorent tout des Soirées et n'en sauront jamais rien. Je suis donc libre d'appliquer la sentence que je souhaite, sans avoir à subir le jugement de la cour. C'est une sentence très clémente, Lanen, j'espère que tu en es conscient. Je comprends les raisons de tes actes, je comprends ton envie de vengeance. Et c'est pourquoi nous avons décidé que tu ne serais pas exécuté pour ça. Mais tu ne seras plus à mon service. Tu passeras l'année qui vient au service du fils du comte de Dascien. Tu lui as enlevé son père, même s'il l'ignore. Un père qu'il aimait, sans connaître ses vices. Je veux que tu l'assistes quotidiennement pendant une année. Et pour les cinq années suivantes, tu seras affecté à l'entretien de la caserne.

 

Une joie indicible brille dans les yeux de Jérémias. Lanen sourit, lui aussi. Il ne sera pas pendu. Mais se retrouver esclave à la caserne, c'est bien moins digne, et bien plus épuisant qu'être au service du roi. Et Calith le sait, c'est précisément pour cette raison qu'il a choisi cette punition. Il refusait de recourir aux châtiments corporels, estimant que Lanen avait déjà bien assez souffert. L'affecter à la caserne, c'est lui ôter le peu de fierté qu'il pouvait avoir. Tout en lui garantissant une certaine proximité avec son amant. Mais Calith, avant de leur laisser fêter leurs retrouvailles, veut marquer le coup :

 

- Tu es en sursis, Lanen. La peine est particulièrement clémente. Ne me le fais pas regretter.

- Je ne vous décevrai pas, Sire.

- Bien. La version officielle, c'est que le fils du comte a besoin d'un esclave et que, par compassion suite au meurtre de son père, je lui fais don de toi. Sers-le correctement, Lanen, il n'est pas son père. Je serais intransigeant. Mais si jamais tu as un problème, quel qu'il soit, je veux que tu en parles avec quelqu'un avant d'agir. Avec Jérémias ou avec Iezahel, comme tu le souhaites, mais ne crois pas que tu es seul. Tout problème à ses solutions légales, ne l'oublie jamais. Maintenant, va travailler.

- Merci Sire.

 

C'est tout ce qu'il peut dire, Lanen, maintenant que la sentence est tombée. Mais c'est suffisant, car son regard en dit si long...

Accompagné par Jérémias, qui l'a libéré, ils regagnent, la main dans la main, les étages supérieurs du château.

 

 

 

 

 

Restés à quatre dans la salle d'interrogatoire, ils demeurent silencieux un instant. Puis Calith reprend :

 

- Loundor, je veux qu'il soit surveillé. Elihus, trouve moi un autre esclave pour le bain et les repas dans mes appartements. Iezahel reste à mon service pour assurer ma protection. Et aujourd'hui, je ne suis pas là. Faites sans moi jusqu'à ce soir.

 

Les deux conseillers savent très bien que, maintenant que la menace du tueur est écartée, le roi n'a plus vraiment besoin de protection. Mais ils savent mieux encore l'attachement de Calith pour l'esclave. Alors ils opinent du chef. Et se gardent bien de faire le moindre commentaire quant à son envie de prendre une journée de repos. Alors ils le saluent et vont faire en sorte que les ordres royaux soient exécutés.

 

- Bien. Iezahel, je veux que tu ailles me chercher deux des plus chaudes couvertures que tu trouveras. Tu me rejoindras ensuite aux cuisine.

- A vos ordres Sire.

 

Le Chef de cuisine ne fait aucune remarque, ne pose aucune question quand le roi vient lui demander deux copieux repas chauds à emmener. Il glisse dans des timbales, normalement prévues pour les soldats, deux belles tourtes à la viande, un ragoût de légumes et poulet, deux beaux morceaux de fromage et une énorme miche de pain encore tiède. Iezahel arrive juste à temps pour récupérer les deux timbales, hermétiquement fermées pour tenir la nourriture au chaud. Et c'est avec les bras surchargés qu'il suit son souverain hors du château, jusqu'au bord de la falaise. Calith récupère les timbales et le met en garde : le sentier est particulièrement dangereux.

Finalement, c'est confortablement installés sur l'une des couvertures, dans la petite grotte, qu'ils attaquent le repas. Calith, le regard fixé sur l'horizon, murmure :

 

- De tout Pieveth, c'est l'endroit que je préfère. Je voulais te le montrer, même s'il donne directement sur Fargues.

- Bah, vous savez, Sire, plus rien ne me lie à Fargues. Ma famille est morte, ma meute aussi.

-Que s'est-il passé, après que tu aies été tatoué ?

 

Il pioche dans la nourriture, Calith, mangeant lentement. Iezahel réfléchit quelques secondes avant de poursuivre, picorant lui aussi dans sa timbale :

 

- Il a déjà fallu que je me rétablisse. Avec le loup, finalement, ça a été assez rapide. C'est un groupe de mercenaires qui m'a acheté, lors de la vente aux enchères. Ils sillonnent le continent à la recherche de missions ou de pillages. Ce sont eux qui m'ont appris à me battre. En réalité, hormis le fait que je n'avais pas choisi de les rejoindre, ils me traitaient comme leur égal. Ça a duré huit ans. Nous étions toujours sur les routes, toujours en action. J'ai été capturé à Brevont : l'armée de Lombeth faisait souvent des raids aux abords de la frontière, pillant, violant et terrorisant la population. Nous étions là au mauvais endroit, au mauvais moment. La plupart des mercenaires sont morts dans le combat. Les autres ont été emmenés ici-même. Certains ont été enrôlés de force dans l'armée, mais il me semble qu'ils sont tous morts à moi, ils ont tout de suite vue que j'étais esclave, à cause du collier. Le chef de la patrouille a ordonné qu'on me mette à part, il disait que je pourrais convenir. Quand nous sommes arrivés au château, il m'a emmené directement dans la salle du bourreau. Et visiblement, il avait raison, je convenais. Tathyn lui a donné une bourse rebondie et m'a attrapé par le bras pour me faire rentrer dans le cachot du placard. J'ai compris dès le lendemain, quand il m'a attaché à cette table en bois, ce qu'il comptait faire de moi.

 

Le silence retombe, dans la petite grotte coupée du monde. Chacun digère les implications des paroles de l'esclave. Et c'est la chaude voix de Iezahel qui rompt le silence :

 

- Non, je n'ai aucune nostalgie de Fargues. Je suis heureux d'être libéré de cette salle. Et je suis plus heureux encore d'être à votre service.

 

La gorge nouée, Calith termine sa bouchée et pousse à l'écart sa timbale. Il dévisage l'esclave, ses cheveux qu'il garde coupés très courts, sa mâchoire carrée. Les obsidiennes rencontrent les iris de ce vert si particulier et semblent s'y perdre.

 

Sans se concerter, sans un mot, comme une évidence, les deux corps se rapprochent. En douceur Calith fait basculer l'esclave sur le dos, veillant à ce qu'il ne se cogne pas le crâne sur la roche. Puis, lentement, ses doigts défont les boutons de la veste verte, caressant la peau dès qu'elle est visible. Il prend son temps, Calith, dévore du regard le visage devant lui, aux yeux mi-clos. Une bourrasque glaciale s'engouffre dans la grotte, faisant frissonner le torse nu, recouvert d'un duvet de poils noirs. Calith, à califourchon sur les cuisses de Iezahel, écarte tout de même les deux pans de la veste. Et il scrute chaque parcelle de son torse, résiste à l'envie de pincer les deux boutons roses qui émergent des poils. Puis ses yeux glissent le long du ventre sec et musclé. Il se fait violence pour ne pas le caresser immédiatement. Et il poursuit plus bas encore, jusqu'à la limite du pantalon. Il grogne, frustré de voir que le tissu empêche la poursuite de son exploration. Mais il redresse la tête pour s'assurer du plaisir de Iezahel. Et à voir le visage rayonnant de plaisir et d'impatience, il aime. Mais des grimaces de douleur parcourent parfois ses traits, déclenchant un froncement de sourcils royaux.

 

Les mains de Calith s'affairent déjà à dénouer les lacets qui maintiennent le pantalon en place, évitant soigneusement de frôler la peau. Iezahel soulève le bassin pour aider son souverain, et rapidement, le pantalon termine sur ses chevilles. Calith comprend rapidement la raison des grimaces de douleur : le membre de l'asservi gonfle de plaisir mais l'anneau qui le contraint est intraitable et réprime son érection. Il suffirait d'une petite incantation pour le libérer. Mais il ne la prononce pas. Il va ôter les bottes du soldat, enlève complètement son pantalon et l'envoie valser sur la timbale. Devant lui, l'esclave, à moitié nu, est offert à ses envies. Et son membre qui se raidit peu à peu, comprimé dans le pantalon, clame son envie.

Calith retire rapidement sa veste, frissonne sous le froid mordant. Prenant la seconde couverture, il la jette juste à côté de Iezahel. Puis il se rapproche, chevauche le corps offert, frotte son bassin encore vêtu contre celui, nu, de l'esclave, qui grimace de plus belle. Il imagine la douleur que ça doit lui causer, et s'en veut de la provoquer. Mais savoir que Iezahel le désire, qu'il a envie de lui, qu'il n'est pas forcé ni obligé de s'offrir à son roi, le fait frissonner d'extase. Il avance son bassin jusqu'au torse de Iezahel, qui s'empresse de défaire les liens du pantalon. Iezahel, qui redresse la tête, les yeux brûlant de désir et qui cherche à déposer des baisers sur le membre fièrement dressé. Mais la position ne lui permet pas d'atteindre l'objet de ses désirs et il gémit de frustration. Calith se redresse, fait glisser son pantalon sur ses chevilles. Puis il va se placer entre les jambes de l'esclave. Sans brusquerie, il lui attrape les mollets, écarte grand ses cuisses et s'allonge dessus. Le haut des mollets de Iezahel sur ses épaules, il couvre son corps du sien, enfouit son visage dans son cou. D'une main, il tire la couverture sur eux pour les protéger du froid saisissant. Au creux de son oreille, Iezahel le supplie de le libérer de l'anneau.

 

Il prend d'abord le temps de partir le torse offert, à grand renfort de baisers légers et de caresses plus appuyées, avant d'accéder à sa demande. Le membre de l'esclave se déploie alors dans toute sa grandeur, palpitant au rythme des battements du cœur. Et Calith fait encore durer, caressant, embrassant, léchant le cou, le torse, le ventre de son esclave. Et lorsque l'excitation devient trop forte, il le pénètre avec une douceur infinie, surveillant son visage, s'arrêtant à la moindre crispation, caressant encore et toujours la peau et ses poils si doux. Et quand Iezahel accepte l'intrusion et qu'il y prend visiblement du plaisir, Calith entame de lents va et vient, tout en douceur. Les yeux fermés, le front sur l'épaule de Iezahel, il savoure chaque sensation. Et quand le plaisir menace de l'emporter, il s'immobilise et reprend ses caresses et ses baisers. Puis son bassin reprend ses mouvements, lentement puis de plus en plus forts, faisant crier de plaisir Iezahel. Il se concentre, Calith, il se concentre de toutes ses forces pour faire durer le moment. Et pour faire atteindre l'extase à l'esclave. Lorsque, les mains cramponnées à ses épaules, Iezahel crie sa jouissance, alors seulement le roi se permet d'accéder, lui, à l'extase.

 

Il se retire, s'allonge aux côtés de cet homme qui le trouble tant. Blottis l'un contre l'autre, dans la douce chaleur des couvertures et de leurs corps, ils savourent cet instant magique, juste après la jouissance. Ils ne prononcent pas un mot, de peur de briser le charme : pour la première fois, ils ont fait l'amour.

 

 

 

 

 

C'est loin d'être la dernière fois de cet après-midi étrange, où coupés du monde, ils apprennent à connaître le corps de l'autre avec une délicatesse poignante. Ils admirent le coucher du soleil, ensemble, dans les bras l'un de l'autre.

 

Mais il va déjà falloir songer à rentrer, à reprendre le cours de leur vie. Elihus et ses dossiers qui semblent croître comme une nichée de rats. Loundor, ses airs bourrus et ses entraînements éreintants.

Mais avant de quitter leur nid d'amour, Calith revient sur un détail de l'histoire de Iezahel qui l'a dérangé, et demande :

 

- Tu connais le nom du chef de patrouille qui t'a livré à Tathyn ?

- Non. Mais ça n'a plus aucune importance. Il est mort dans un malencontreux accident.