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Titre du blog : Histoires yaoi
Auteur : histoiresyaoi
Date de création : 31-05-2013
 
posté le 23-09-2013 à 18:33:13

Iduvief, chapitre 6

 

 



 

 

 

Lorsqu'il ouvre les yeux, Loundor est rasé de frais, les cheveux encore humides plaqués contre son crâne. De l'eau bouillonne doucement dans la cuvette, mais le Général n'a cessé de lui tourner autour, menaçant. Calith se redresse et murmure :

 

- Je voudrais me laver.

- Bien sûr, l'eau est chaude, répond doucement Iezahel. Tu vas y arriver tout seul ?

- Évidemment !

 

S'il feint d'être agacé, ce n'est pas vraiment le cas, et une idée germe dans sa tête, qu'il repousse aussitôt. Plus tard. Il se lève, un peu vacillant, et frissonne. Il fait tiède, dans la chambre, mais c'est bien moins chaud que le lit. Il se dépêche de se déshabiller tandis qu'ils se détournent poliment, et il savoure enfin le plaisir de se sentir propre. Lorsqu'il en a terminé, il demande :

 

- Le responsable est venu ?

- Non, toujours pas. Je vais aller le chercher, moi, tu vas voir ! Et le ramener par la peau des fesses, il va comprendre sa douleur.

 

Calith, nouant machinalement la chemise de Iezahel autour de son cou, lui jette un regard noir et déclare :

 

- Ton comportement est déjà bien assez déplacé envers nos hôtes, sans que tu te mettes à arpenter le château en beuglant pour avoir à manger. L'esclave d'hier a dit que le château était complet, ils doivent être débordés de travail. Et nous, on arrive à l'improviste et on leur impose nos caprices. Laisse-lui le temps d'arriver, Loundor.

 

Sans surprise, le Général n'apprécie que très moyennement les paroles de son roi, et se met déjà à gronder. Mais Iezahel en rajoute avant qu'il n'explose :

 

- Calith est encore faible, il est plus prudent qu'on soit deux pour le protéger.

 

Miraculeusement, cette simple phrase calme immédiatement Loundor, qui acquiesce. Calith, feignant une faiblesse bien plus grande qu'il ne le ressent, retourne s'asseoir sur le lit, pendant que son compagnon commence sa toilette, et il demande :

 

- Tu as des nouvelles de tes hommes ?

- Oui. Ils sont passés pendant que tu dormais. Ils ont bien dormi, bien mangé, eux, et passent le temps en jouant aux osselets. Ils attendent qu'on vienne les chercher dès qu'on en saura un peu plus. Et toi, ta gorge ?

- Ça va mieux.

- Il reste de l'infusion dans le bol, sur la table de chevet. Tu dois la boire.

 

Iezahel a terminé sa toilette et sourit pour atténuer l'ordre qu'il vient de proférer. Calith, bonne pâte, obtempère, et ce n'est qu'en relevant la tête pour boire qu'il remarque que la chambre n'a pas de fenêtre. Il termine la boisson et s'assoit plus confortablement sur le lit en demandant :

 

- Vous avez une idée de l'heure qu'il est ?

- On doit approcher l'heure du déjeuner. L'esclave est partie depuis plus de deux heures, c'est sûr.

- Bon, au moins, on est au chaud et à l'abri de la neige.

- Et on poireaute comme des imbéciles dans cette cage à lapin alors qu'Artéus nous a fait venir de toute urgence. Il va m'entendre, celui-là.

- Sois un peu indulgent, Loundor.

 

Pendant qu'ils discutent, Iezahel s'affaire : il pend les capes aux patères dans le mur, nettoie la cuvette, remet du charbon dans le brasero, range sa besace et celle de Calith. Et lorsqu'il se redresse, les bras ballants, scrutant la petite chambre pour y trouver de quoi s'occuper, quelques coups sont frappés à la porte, faisant bondir Loundor hors du lit. Il manque d'arracher la porte lorsqu'il l'ouvre, dévoilant l'esclave tout de noir vêtu qui se tient dans l'embrasure. Ce dernier s'incline maladroitement et déclare :

 

- Vous m'avez fait demander, Général.

- Il y a plusieurs heures, oui. En précisant bien que je voulais te voir immédiatement.

- Je suis navré, Général, mais je ne pouvais m'absenter.

 

Loundor lâche une bordée de jurons, faisant grimacer l'esclave. D'un geste, il l'invite à entrer dans la chambre, et ferme la porte derrière lui. L'esclave ne relève pas la tête, qu'il garde penchée d'un côté, se frottant la joue gauche, et patiente. Loundor poursuit :

 

- C'est donc toi qui es chargé de gérer les domestiques et les esclaves pour s'assurer de la satisfaction des hôtes de ton seigneur, n'est-ce pas ?

- Oui Général.

- Je ne suis pas satisfait, esclave. Artéus a, semble-t-il, oublié de t'informer d'un léger détail : je suis un loup-garou. L'esclave ici présent en est également un. Que sais-tu des loups-garous ?

Severin jette un regard rapide à Iezahel, d'une lueur indéchiffrable, avant de répondre servilement :

- Je ne les connais guère, Général, nous n'en avons pas au château.

- Alors sache que les loups-garous ont une perception accrue, qu'ils sentent l'odeur de vinasse que tu dégages, qu'ils sentent ta peur, et qu'ils sentent si on leur ment. Ils n'aiment pas qu'on leur mente, esclave, ils n'aiment pas du tout. Mais surtout, les loups-garous ont un appétit bien plus développé que les humains. La faim les rend d'humeur exécrable et leur donne une furieuse envie de dévorer les esclaves impertinents.

 

L'esclave déglutit bruyamment, avant de passer d'une jambe sur l'autre en grimaçant de douleur. Il s'incline alors en déclarant :

 

- Je suis confus, Général, je donnerai des ordres pour que vous soyez rassasiés.

- Bien. A qui dois-je m'adresser si je ne suis pas satisfait de l'accueil qu'on me réserve ?

- Au conseiller du seigneur, Général.

 

Même Calith peut percevoir la peur dans la réponse de l'esclave. Mais Loundor compte bien lui faire payer la matinée d'attente et ne s'arrête pas là :

 

- Je souhaite le voir, alors, conduis-nous à lui.

- Je suis navré, Général, mais il n'est pas disponible.

 

Un feulement de rage pure s'échappe de la gorge de Loundor, faisant trembler l'esclave en noir. Pourtant, c'est d'une voix dangereusement douce qu'il continue sur sa lancée :

 

- Le Seigneur Artéus m'a fait venir ici, avec mes hommes. Est-il possible de le rencontrer, à présent ? Je trouverai bien un moment pour lui rapporter ton comportement.

 

Une infime seconde d'hésitation, de la part de l'esclave, manque de faire exploser Loundor. Mais il répond d'une voix faible :

 

- Je suis navré, Général, ce n'est point possible pour le moment. Mais je vais de ce pas prévenir la cuisine qu'il vous faut des repas bien plus consistants.

 

L'esclave, mû par son instinct, commence à reculer vers la porte et cherche à tâtons la poignée. La fureur de Loundor lui cloue le bec un instant, juste assez pour que Severin puisse se faufiler par la porte entrouverte, avant qu'il ne crie :

 

- Esclave ! Viens ici !

 

Mais Severin ne l'écoute pas, poursuit son chemin comme si de rien n'était. Le temps, du moins, de faire trois pas, avant qu'une masse ne se jette sur lui et le ramène manu militari dans la chambre. Loundor, écumant de rage, l'attrape par le col et le plaque sans douceur contre le mur. Une terreur indicible se lit dans le regard de l'esclave, et c'est Iezahel qui s'interpose.

 

- Écarte-toi, Iezahel. Les faveurs que tu as ne peuvent rien pour cet incompétent, qui picole au lieu de faire son travail et qui n'obéit pas aux ordres.

- Il ne t'a pas obéi car il est sourd d'une oreille, Loundor. Ce serait injuste de le brutaliser pour cette faute.

 

Loundor dévisage quelques instants l'esclave pétrifié, avant le reposer doucement à terre. Severin s'incline en se frottant l'oreille gauche puis murmure un remerciement à peine audible.

 

- Très bien. Dans ce cas, je veux rencontrer le conseiller d'Artéus.

- Je suis navré, Général, mais il ne doit être dérangé sous aucun prétexte.

- Il suffit. J'en ai plus qu'assez de ce genre de réponse. Est-il en galante compagnie ?

- Non Général.

- En réunion secrète ?

 

Severin hésite un instant, semblant peser le pour et le contre d'un mensonge, avant de répondre dans un murmure :

 

- Non Général.

- Dans ce cas, j'exige que tu nous conduises à lui, et je ne souffrirai aucune excuse.

- A vos ordres, Général.

 

L'esclave en noir est terrifié, et sa claudication est plus marquée que la veille lorsqu'il les conduit lentement à travers les couloirs glacés du château. Un bref passage devant une petite fenêtre leur permet de voir que la tempête se déchaîne à l'extérieur, rendant impossible l'estimation de l'heure. Ils mettent une dizaine de minutes à rejoindre les appartements du conseiller, et pendant tout ce temps, seul le sifflement du vent s'est fait entendre. Ils n'ont croisé personne, et le château, sensé être rempli d'invités, est trop silencieux. Mais ils n'ont guère le temps de s'interroger : Severin pousse une porte, très lentement, et les conduit sans bruit dans les appartements privés du conseiller.

 

 

 


 

 

 

Même l'odorat de Calith peut percevoir la puanteur qui y règne, mélange de vin, de vomissures et d'urine. Un seul coup d'œil leur permet d'en découvrir l'origine : un énorme bonhomme, affalé sur un fauteuil gigantesque, ronfle bruyamment. Le devant de sa tunique est maculé de liquide qu'il ne préfère pas identifier, et une de ses mains pend mollement par-dessus l'accoudoir, ayant laissé échapper une chope qui gît à terre. Il est midi, et le conseiller d'Artéus est ivre mort. Severin murmure :

 

- Égeas n'a l'esprit clair que quelques heures, dans la matinée. Nous mettons ce temps à profit pour traiter les nombreux dossiers que nous avons. Accéder à votre demande nous aurait fait perdre un temps précieux, j'en suis navré

- Est-ce pour la même raison que je ne peux voir Artéus ?

- Non, Général.

- D'accord. Fais-nous apporter un vrai déjeuner, et arrange-toi pour qu'on puisse voir Artéus dans l'après-midi.

- A vos ordres, Général.

 

Severin les conduit à nouveau dans leur chambre, puis s'en va pour prévenir la cuisine du régime particulier des invités. Iezahel remet de l'eau à chauffer, sans doute pour une infusion, ignorant que Calith ne ressent presque plus de douleur à la gorge. Ils le regardent s'affairer quelques minutes, avant que Calith demande :

 

- Comment tu as su, pour son oreille ?

- Sa manière de pencher la tête, quand on lui parle. Et le fait qu'il se frotte souvent la joue. Ce n'est pas rare, chez les esclaves, d'avoir ce genre de problème : un maître un peu trop irascible, une claque qui part trop fort, et l'oreille ne le supporte pas.

 

Iezahel garde un air détaché en disant ça, et poursuit sur le même ton :

 

- Severin n'est pas un fainéant, il a essayé de couvrir son maître. Et il doit sans doute en faire beaucoup, dans la journée, pour remplacer le conseiller. Et ce sans aucune reconnaissance. L'odeur de vinasse qui le suit de partout ne vient pas de lui, mais des appartements d'Égeas. Il élude les questions mais ne ment pas. Ne soyons pas trop sévères avec lui.

 

Il apporte un gobelet d'infusion à Calith et lui intime du regard de le boire. C'est l'une des premières fois qu'il s'affirme ainsi face au Général : il le fait volontiers avec Calith, mais lorsque Loundor est présent, il est le plus souvent silencieux. Et comme pour enfoncer le clou, il se tourne vers le Général et affirme :

 

- Et ce n'est pas par solidarité entre esclaves que je dis ça.

 

Loundor incline de bonne grâce la tête, signe qu'il admet avoir été trop loin en sous-entendant que Iezahel profitait de sa position d'esclave royal pour protéger Severin. Même s'il est trop fier pour le dire à haute voix. Iezahel s'en contente et prend place aux côtés de Calith.

 

Ils ne patientent pas bien longtemps, dans le silence, avant que des coups soient frappés à la porte. La même esclave que ce matin se tient sur le seuil, tremblant si fort que le plateau manque de lui échapper des mains. Loundor le récupère avant qu'une catastrophe ne se produise, et sourit en découvrant le contenu du déjeuner. D'épaisses tranches de terrine sont accompagnées de ragoût de pomme de terre au lard et aux champignons. Et une grosse miche de pain est présente à côté de chaque écuelle. En voyant le plateau, Calith retient un sourire : il y a à manger pour huit personnes, là. Severin a bien compris.

 

Ils dévorent en silence, et Loundor semble enfin rassasié. Puis, pour patienter jusqu'au retour de Severin, Loundor sort un jeu d'osselet, et ils entament une partie.

Ils sont accroupis au sol, Iezahel largement en tête, quand ils sont interrompus par l'esclave en noir. Il les observe un instant avant d'annoncer :

 

- Dame Marsylia va vous recevoir, si vous voulez bien me suivre.

- Merci.

 

Severin regarde Loundor, surpris d'obtenir un remerciement de cet ours qui n'a fait que lui hurler dessus depuis qu'il est arrivé, puis incline doucement la tête. D'autant qu'il a prévenu les invités qu'ils ne verraient pas le Seigneur Artéus, et ça ne déclenche pas une crise de fureur.

Ils se relèvent, arrangent leurs tenues, puis vont prévenir les jumeaux, Nyv' et Asaukin de leur convocation. Ils s'empressent de lâcher leurs osselets et les suivent dans le dédale de couloirs, jusqu'à arriver dans une grande salle, sobrement meublée.

 

 

 

 

Un simple coup d'œil, de la part de Calith, lui permet de classer cette salle comme étant celle de réception des doléances et des visiteurs. Un large fauteuil sur une estrade, une cheminée ronflante, des portraits de famille sur les murs constituent tout l'ameublement. Il est bien content d'être là incognito, et reste silencieux, deux pas derrière Loundor, à côté d'Asaukin. Les autres sont encore un peu derrière lui. Ils restent debout, silencieux, observant Dame Marsylia. C'est une femme d'une trentaine d'années, mince et élancée. Vêtue d'une simple robe grise, une coiffure très classique pour dompter son épaisse chevelure auburn, elle les observe de son regard marron clair. Son visage est déjà parsemé de rides, et nul sourire ne vient éclairer ses traits banals. Mais sa voix est agréable lorsqu'elle annonce : 

 

- Soyez les bienvenus à Iduvief. Je viens tout juste d'apprendre votre présence entre vos murs, alors que vous y êtes depuis hier au soir, m'a dit Florain.

 

Calith reporte son attention sur l'homme qui se tient derrière elle. C'est un homme d'arme, assurément, à voir sa posture. Du même âge que Dame Marsylia, les cheveux coupés ras comme les soldats, le visage austère, il porte l'uniforme des gardes. Chaque seigneur possède ses propres hommes d'armes, pour assurer sa sécurité, veiller à la bonne récolte des impôts, et faire régner l'ordre. Le Florain en question en est, sans nul doute, le responsable, puisqu'il est admis à une telle convocation.

 

- Severin aurait dû m'en informer, je vous aurais ainsi accueilli comme il se doit. Je vous présente donc toutes mes excuses, et je vous assure qu'il sera châtié à la hauteur de sa faute.

 

Calith se concentre vite sur la Dame. Elle semble réellement navrée de voir que leur arrivée lui a été cachée. Severin aurait donc joué la comédie, hier, en faisant mine d'aller demander que faire des voyageurs ? De qui a-t-il pris ses ordres, puisque Artéus était indisponible et Égeas ivre mort ? Calith plisse les yeux, sentant monter en lui une bouffée de colère : il n'apprécie pas qu'on se joue de lui. Severin les a laissé poireauter pendant de longues minutes, sans aller prévenir quiconque de leur arrivée. Mais la réponse de Loundor le calme autant qu'elle l'intrigue :

 

- N'en faites rien, ma Dame. Cela nous a permis de prendre un peu de repos et de nous rendre présentables pour vous rencontrer.

 

Marsylia plisse les yeux, et sa voix se fait aussi glaciale que le vent qui hurle dehors lorsqu'elle répond :

 

- Aux dernières nouvelles, Général Loundor, je suis la maîtresse des lieux ici, et vous n'avez pas à interférer dans la gestion de mes esclaves. Florain, fais emmener Severin et applique le châtiment habituel.

 

Florain entraîne aussitôt l'esclave par le bras, et sort par une porte dérobée. Dame Marsylia reprend aussitôt, sans laisser le temps à Loundor de répliquer :

 

- J'ai également été informée que vous veniez ici suite à une convocation d'Artéus, mon père. J'aimerais voir la missive qui prouverait vos dires.

 

Loundor fouille dans ses poches et en sort le parchemin, qu'il tend à la femme avec respect. Calith ne peut s'empêcher de se demander pour quelle raison le valeureux guerrier se laisse ainsi mener par le bout du nez. Elle déchiffre la missive, la bouche tordue, et demande :

 

- Quand avez-vous reçu cette missive, Général ?

- Il y a six jours, ma Dame.

 

Elle prend le temps de compter, triturant la missive entre ses doigts garnis de nombreuses bagues. Et assène :

 

- C'est donc un faux. L'écriture ressemble certes à celle de mon père, mais cela ne se peut. Je suis au regret de vous annoncer que mon père est décédé il y a douze jours, après une longue maladie, et a rejoint le caveau familial il y a dix jours. Il ne peut avoir écrit cette missive. D'autant plus qu'il n'y a, ici, aucun problème à signaler. Demandez-vous, Général, qui aurait intérêt à vous éloigner du Château de Pieveth pour une si longue période, et vous aurez l'identité du faussaire.

- Ce sont là de sombres et surprenantes nouvelles que vous m'annoncez, ma Dame. Vous me donnez beaucoup à réfléchir, et j'aimerais profiter de votre hospitalité un jour de plus afin de décider ce qu'il convient de faire.

- Accordé. Votre installation vous convient-elle ?

- Severin nous a informé que le château était complet, je suppose donc qu'il est impossible d'obtenir des chambres plus spacieuses et individuelles ?

- En effet, nous manquons de place.

- Dans ce cas, ma Dame, nous nous satisfaisons de ce que vous nous offrez. Maintenant, si vous le permettez, nous allons nous retirer pour réfléchir à la situation.

- Très bien. Tenez-moi informée de votre décision.

- Je n'y manquerai pas, ma Dame.

 

Loundor s'incline respectueusement et quitte la salle d'audience. Calith cogite fort, alors qu'ils regagnent leurs chambres. Il est surpris que Loundor se soit laissé berner par une telle missive, d'autant plus qu'il l'a impliqué. Mais il doit bien reconnaître que quiconque le connaissant un peu, et ayant de mauvaises intentions, peut facilement trouver son point faible : sa conception de l'amitié. Qu'il reçoive un appel à l'aide d'un ami, et le Général accourt. Idéal pour le faire quitter le Château. Six jours qu'ils sont partis. Elihus, Mahaut, Zélina : sont-ils toujours sains et saufs ? Il lui tarde de rejoindre la chambre, d'y empaqueter ses affaires et de quitter Iduvief pour s'assurer qu'ils vont bien, quel que soit le temps. Et une colère sourde monte en lui, à l'idée de s'être fait avoir de la sorte : quelques lignes sur un bout de parchemin, et ils laissent vulnérables les personnes qui leur sont chères. Iris, la femme de Loundor, Jérémias et Lanen, Alima. Le Château a-t-il déjà été attaqué ?