Puis Severin se rallonge sur le lit, et Iezahel reprend le nettoyage de son dos grâce à l'eau désormais chaude, comme si de rien n'était, pour oublier la gêne qui a envahi la chambre. Avec beaucoup de délicatesse, il étale l'onguent sur les plaies à vif, dans un silence religieux. Enfin, il recouvre son dos avec les bandes de tissu, soigneusement essorées. Dans un sourire, il déclare :
- Reste comme ça un moment, le temps que l'onguent pénètre correctement. Tu n'as pas froid ?
- Non, ça va. Mais c'est gênant. Vous êtes les invités de Dame Marsylia, vous n'avez pas à prendre soin de moi.
- Qui aurait pris soin de toi, alors ?
Il hésite un instant, Severin, toujours allongé sur le lit mais son visage ne reflétant plus que du bien-être, avant de répondre :
- Moi.
Iezahel laisse échapper un soupir, puis échange un regard avec Calith. Et c'est ce dernier qui reprend les rênes de la discussion, s'installant sur le lit de Loundor :
- Je n'accepte pas que des esclaves soient aussi sévèrement punis, alors même qu'ils ne sont pas fautifs. Nous savons que tu as prévenu Dame Marsylia le soir de notre arrivée. Ce châtiment était injuste, et le moins que l'on puisse faire, c'est d'apaiser un peu ta souffrance. Nous n'allons sans doute pas rester longtemps ici, mais si tu en ressens le besoin, n'hésite pas à venir nous voir pour qu'on te l'enlève.
- Merci. J'ignore si j'oserais... Et puis, j'ai pris l'habitude, maintenant, ce n'est plus comme les premières fois.
Calith lit, dans le regard gris de l'esclave, qu'il minimise les conséquences de la pénitence. Mais il n'a pas le cœur à lui faire remarquer, ni à lui demander s'il doit la subir régulièrement. Alors il profite de ce moment étrange, où les barrières maître-esclave semblent abolies, pour l'interroger :
- Dame Marsylia nous a annoncé la mort d'Artéus, que nous ignorions. Que s'est-il passé ?
- Artéus n'était plus très jeune. Quand l'hiver est arrivé pour de bon, il a quand même poursuivit ses activités, comme d'habitude. Il aimait bien se rendre dans la cour, discuter avec les gardes ou avec certains nobles. Ça a commencé par une simple angine, d'après ce qu'il se raconte, mais son état a empiré. Il est resté alité une quinzaine de jours, perdant peu à peu ses forces, jusqu'à s'éteindre.
- Ça a dû être un choc pour tout le monde.
- Oh oui. La pauvre Dame Marsylia n'avait certainement pas besoin de d'affliction supplémentaire.
- Elle nous a également dit que tout allait bien ici.
- Oui, bien sûr.
Iezahel fronce les sourcils, et s'apprête à poser une question mais Severin se redresse brusquement, laissant tomber sur le lit les bandes humides. Il se lève, noue son pantalon et balbutie :
- Je n'ai que trop abusé de votre hospitalité. Je vais vous laisser.
Il cherche désespérément sa chemise du regard et Calith, qui l'a rincée pendant que Iezahel jouait aux guérisseurs, lui indique une patère, avant de le prévenir :
- Elle est encore humide, mais propre.
- J'ignore comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait.
- En prenant soin de toi, Severin.
L'esclave incline la tête et claudique jusqu'à la patère, où il achève de s'habiller. Puis il récupère le seau d'eau sale, le pot de chambre et s'approche de la porte. Iezahel, la mine grave, lui ouvre et sort avec lui, après que Calith lui ai demandé d'aller chercher Loundor.
Dans le couloir, à peine éclairé par une torche moribonde, il dit à Severin, qui l'attendait :
- Je m'appelle Iezahel, au fait. Si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me voir.
- D'accord. Merci pour tout.
Lorsqu'il frappe à la porte de la chambre des soldats, c'est Nyv' qui lui ouvre, et ils observent tous les deux l'esclave s'avancer, clopin-clopant, dans l'obscurité, les bras chargés. Ils échangent un regard, puis Iezahel annonce :
- Il est parti, donc. Loundor peut revenir quand il le souhaite.
- Je lui dirai. Bonne nuit à vous.
- A vous aussi.
De retour dans leur chambre, il sourit en découvrant que Calith a quasiment tout rangé. Calith, torse nu, en train de mettre sa besace sans dessus dessous pour trouver une chemise qui pourrait faire office de linge de nuit.
- Garde la mienne, comme ça, on aura l'impression de dormir dans la forêt.
Le roi l'observe un moment, les yeux plissés, et demande :
- Et toi, tu vas dormir avec quoi ? Tu n'as quasiment aucun vêtement, dans ta besace.
Iezahel se fige, comme s'il redoutait soudain de déclencher une colère tout royale. Il lui aurait bien répondu, un sourire coquin sur les lèvres, qu'il dormira tout nu, mais il sent que ce n'est pas le bon moment. Ce n'est pas dans les habitudes de Calith, de se mettre en colère, mais il était chargé de préparer leurs affaires, et s'il a mal fait son travail... Alors il se défend :
- J'ai pensé qu'il y avait des choses plus utiles à prendre. Et puis, je peux dormir torse nu, ça ne me dérange pas. J'aurais dû emmener plus de vêtements, pardon. Je suis désolé.
- Fais comme tu veux.
Il ne s'explique pas l'agacement soudain de son compagnon, qui tasse pêle-mêle les vêtements dans sa besace, avant de la jeter sur la malle dans un geste d'humeur. La nuit dans le dortoir des esclaves, dans l'auberge luxueuse, les paroles de Loundor, Severin : tout lui rappelle soudain que, bien qu'amant du roi, il reste un asservi qui a des tâches à accomplir, et qui peut être châtié s'il ne satisfait pas son maître. A Pieveth, tout le monde sait qu'il est sous la responsabilité de Calith, personne n'a le droit de trouver à redire sur son travail, et son travail, c'est de veiller à sa sécurité. Pour la seule autre tâche qu'il a eu à faire, préparer leurs besaces, il s'avère que Calith n'a pas assez de chemises pour en changer quand il le souhaite. Et lui non plus.
Il reste figé, se demandant si Calith va le châtier, et l'observe défaire la couverture d'un geste brusque puis enfiler la chemise qu'il a gardé toute la journée autour du cou. Mais au lieu de s'allonger, il lui fait soudain face et lui demande, d'une voix glaciale :
- De quoi avez-vous parlé, dans le couloir ?
- J'ai juste souhaité une bonne nuit à Nyv'.
- Je ne te parle pas de ça. Avec l'esclave.
- Ah. Je lui ai simplement donné mon nom. Et je lui ai dit qu'il pouvait venir quand il voulait.
- Ben voyons.
- Je...
- Il te plait, c'est ça ?
Iezahel reste abasourdi et le dévisage longuement. Alors, c'est donc ça, la raison de sa colère soudaine ? Ce n'est pas un problème de chemise, mais de … jalousie ?
- Il me fait de la peine, c'est tout.
- Et ses beaux yeux gris, qui te regardent avec reconnaissance, te laissent insensible ?
- Mais qu'est-ce qu'il...
- Réponds Iezahel.
- Non. Oui ! Je... Enfin...
Il passe une main tremblante dans ses cheveux rasés, ignorant ce qu'il doit dire pour apaiser son compagnon. Il y aurait bien quelque chose mais... il n'a guère envie de remettre ça sur le tapis, même si … La voix sèche de Calith coupe court à ses hésitations :
- Alors ?
- Je sais ce que c'est de souffrir sans motif valable, et tu n'as pas idée du nombre de fois où j'ai prié pour que quelqu'un prenne soin de moi, sans m'en faire payer le prix fort ensuite. Je sais ce qu'il endure, et je veux juste l'aider un peu. Je ne le désire pas, je n'éprouve aucune attirance pour lui. C'est toi que j'aime.
Calith reste coi un moment, avant de s'installer dans le lit et de tirer les couvertures sur lui, pour se donner contenance. Mais Iezahel le connaît trop : il voit bien qu'il s'en veut soudain de cette querelle stupide, qu'il s'en veut d'avoir douté de lui. La référence à ce qu'il s'est passé, dans les geôles de Pieveth, a touché un point sensible. Iezahel s'avance timidement jusqu'au pied du lit, et lui jette un regard penaud. Calith lui demande dans un murmure :
- Tu as déjà subi la pénitence alors ?
- C'était pas exactement ça.
Calith écarte les couvertures, et lui ordonne tout bas de le rejoindre. Iezahel se débarrasse rapidement de ses bottes et de sa chemise avant de se faufiler tout contre lui, puis les couvertures masquent son corps blotti contre le sien. Et il lui faut toute son ouïe surnaturelle pour entendre le « je suis désolé » de son compagnon.
Il n'aime pas recourir à ces arguments, sachant parfaitement que Calith souffre de ce qu'il s'est passé. Mais parfois, c'est le seul moyen de lui clouer le bec. Et comme c'est la plus stricte vérité...
Son poing se crispe sur sa chemise, portée par Calith, qui sent l'essence de pin, et murmure :
- Tu sens bon.
- Je n'aurais pas dû m'énerver après toi. J'ignore où tu as pris toutes ces herbes, et ces onguents, et tout le fatras dans ta besace, mais c'était une très bonne idée.
- Une partie au château, mais l'onguent, c'est Barvan qui me l'a donné, au cas où nous rencontrions à nouveau des draugnar.
- Et grâce à ça, tu as pu me soigner, et soigner Severin.
- Et me faire remonter les bretelles à cause de ta jalousie.
- Je ne suis pas jaloux.
- Vraiment ?
En guise de réponse, Calith laisse échapper un grondement, faisant rire Iezahel :
- Tu passes trop de temps avec des loups-garous, tu finis par copier notre mode de communication.
Calith sourit largement et, alors qu'il était adossé aux oreillers, bascule sur Iezahel pour l'embrasser avidement. Et son amant de réponde avec fougue au baiser.
- Reste à savoir si j'ai trop traîné, ou pas assez.
Loundor se tient sur le seuil de la porte, bougon et mal à l'aise. Calith s'écarte à regret de son compagnon et fait signe à Loundor de fermer la porte derrière lui. Il serre contre lui Iezahel, et regarde le Général aller s'asseoir sur son lit pour ôter ses lourdes bottes. Qu'elle semble lointaine, la perspective de passer du bon temps avec Iezahel, loin du regard de la cour ! Ils ont quitté un nid de couleuvres pour sauter à pieds joints dans un nid de vipères. Mais il ne peut pas le reprocher à Loundor, pas maintenant qu'il a appris le décès de son ami Artéus. Iezahel reste allongé sur le dos, et Calith scrute Loundor par-dessus son torse, son bras droit, sous la couverture, effleurant doucement le flanc de son amant. Et finit par dire :
- Severin nous a parlé, un peu.
- Il a confirmé que Marsylia nous a menti ?
- Non, il s'est bien gardé de le faire.
- Ça me tue, qu'il subisse tout ça sans broncher, et sans dire un mot contre elle.
- Il nous en a dit plus, par contre, sur la mort d'Artéus.
- Ah ? Que s'est-il passé ?
- Une simple angine, qui a dégénéré.
- Il faudra qu'on en parle au médecin, je suppose.
- Ce serait mieux, oui. En tant qu'esclave, il n'a que les racontars comme source d'information. Mais c'est une mort qui, à première vue, semble naturelle.
Iezahel, frissonnant sous les caresses du roi, remue un peu dans le lit pour faire face au Général et déclare :
- Il nous a dit également que tout allait bien ici. Et il nous a menti.
- Après tout ce que vous avez fait pour lui ?
- C'est de ma faute, avoue le roi. J'ai annoncé que Marsylia nous avait dit ça, laissant planer un doute. Il ne pouvait pas la contredire.
- Tu aurais dû le jouer plus finement, Calith.
- Je sais bien. Mais je pense qu'avec les soins prodigués par Iezahel, il ne nous considèrera plus comme des étrangers, et qu'il sera plus enclin à nous parler, si l'occasion se présente.
- Ce n'est pas gagné. Nous revoyons Marsylia demain, dans l'après-midi, et nous devrons lui dire pour quelle raison nous souhaitons rester ici. Il nous faudra des éléments pour expliquer cette décision.
- Pourquoi se justifier ? On pourrait juste lui dire qu'on reste. On pourrait lui dire qu'on attend que la tempête dehors se calme.
- Asaukin a mis le nez dehors. La tempête s'est calmée. Les habitants de ce château ont l'habitude des hivers ici, et ils creusent dans la neige pour dégager des chemins, entre la porte d'entrée et le portail, par exemple. Il a tellement neigé, depuis notre arrivé, que les sentiers sont cernés par des murs qui lui arrivent plus haut que la taille.
- Que la taille ? Mais ça va rendre le retour impossible !
- D'après les gardes, il existe bien un moyen pour marcher quand même dans la neige, des sortes de grands ronds de bois qu'on attacherait à nos bottes. Ils en ont montré à Asaukin, qui a essayé. Il a fini cul par-dessus tête, à moitié enseveli.
- Ça donne envie...
- Les gardes lui ont également dit que la hauteur de neige ne baisserait sans doute pas avant plusieurs semaines, au redoux.
- Non non. Je t'arrête tout de suite, Loundor. Moi aussi, je veux découvrir ce qu'il se passe ici. Et je veux connaître la cause réelle de la mort d'Artéus. Mais au risque de passer pour un roi capricieux se vautrant dans le luxe, je t'avertis : je ne passerai pas plusieurs semaines enfermé dans ce trou à rat, à partager cette minuscule chambre et à devoir faire ma toilette dans une petite cuvette.
Iezahel grogne son assentiment, même si les raisons de cette adhésion sont bien plus intimes. Le Général bougonne :
- Ça ne me plait pas beaucoup plus qu'à vous, hein ? Si on ne peut pas partir avant des semaines, on investira de force des chambres plus spacieuses, plus confortables, où je n'aurais pas à tenir la chandelle pendant que vous batifolez.
- On n'a pas forcément de lumière, tu sais.
- Je ne veux pas le savoir, merci bien !
Et c'est un Loundor gêné et grognon qui s'allonge brusquement dans son lit, semblant prêt à clore la discussion de la sorte. Mais Calith le relance :
- Il a découvert d'autres choses intéressantes ?
- Pas vraiment.
Il bougonne, le Général, remuant nerveusement sous ses couvertures pour trouver une position confortable. Puis, comme s'il avait décidé que ça ne valait pas la peine de perdre patience pour si peu, il poursuit, calmé :
- Il a jugé préférable de ne pas poser de questions. Mais après sa chute, les gardes, hilares, lui ont proposé d'aller dans leur poste pour boire une bière chaude. Ils ont discuté une grosse heure, mais surtout d'eux : leurs faits d'armes, leurs carrières et leurs familles. Ça ne nous avance pas, mais ça noue des liens, ce qui pourrait s'avérer précieux à l'avenir.
- Et les jumeaux ?
- Vexés comme des poux. Ils ont flatté les rares domestiques ou esclaves qu'ils ont trouvé, mais aucune n'a proposé spontanément de partager son lit. Ils sont rentrés bredouilles, mais avec, en tête, les noms de quelque unes qui pourraient éventuellement accepter à court terme. Et en remettant en cause leurs dons de séducteurs.
Calith rit doucement, imaginant parfaitement la déception des jumeaux, pourtant prêts à donner de leur personne pour faire avancer l'enquête. Son rire finit par dérider complètement le Général, qui sourit à son tour, amusé. Et qui poursuit de lui-même :
- Nyv' a été plus efficace. Iduvief est construit à flanc de montagne. Nos chambres donnent directement sur la roche, qui se situe juste sous ces pierres-là. Raison pour laquelle nous n'avons pas de fenêtre. Tout l'arrière du château, en réalité, est adossé à la montagne. Il n'existe donc que très peu d'issues. La porte principale, par laquelle nous sommes rentrés, sinon, il faut traverser soit les écuries, soit la cuisine, pour accéder à l'extérieur. Nous sommes au premier étage, sur les trois existants. Le rez-de-chaussé, où se trouve la salle de banquet, la salle de doléances, les logements des domestiques, ainsi que la cuisine et les écuries, est le plus fréquenté. Notre étage est destiné à accueillir les visiteurs de base condition. Le second étage est réservé aux plus nobles visiteurs, ou habitants du château. C'est là, par exemple, qu'habitent le mage et Égeas. Le dernier est réservé au Seigneur et sa famille, ainsi qu'aux invités les plus prestigieux. Les étages supérieurs possèdent des parties réservés aux domestiques, avec tout le nécessaire à l'entretien quotidien. C'est également là que dorment les esclaves. Severin dort au second étage, par exemple. Et pour finir, la roche a été creusée, sous le château, pour accueillir cave, garde-manger, réserve à bois et céréales, ainsi que les geôles et le caveau de famille. C'est là que repose Artéus.
- Nyv' a fait un rapport très complet !
- Il a discuté avec une jeune esclave, Fleur, qui s'est montrée plutôt bavarde. Il m'a fait passer pour un gars tyrannique, qui le rouerait de coups s'il n'était pas capable de me conduire où je veux, quand je veux.
Calith se mord les lèvres pour ne pas commenter : Nyv' n'était pas si loin de la vérité. Mais vue l'humeur de Loundor toute la journée, inutile de le titiller. Iezahel, dos à lui, est si parfaitement immobile et silencieux qu'il a dû s'endormir. Calith se penche un peu pour s'en assurer, mais il croise son regard rieur et parfaitement réveillé. Comme d'habitude, Iezahel écoute, analyse, sans prononcer un mot. Le Taiseux. Loundor, ignorant cet échange de regards, poursuit :
- Nyv' a également confirmé ce que nous pressentions : le château n'est pas complet. D'après Fleur, il n'y a qu'une dizaine d'invités, en ce moment, bien loin de la centaine qu'il peut accueillir. Il y a les résidents habituels, bien sûr, mais ça ne suffit pas à remplir le château. La salle de banquet ne sert quasiment pas, chacun restant dans sa chambre pour manger. En fait, c'est dans leurs chambres qu'ils passent la plupart du temps. Il faut dire aussi qu'ils ont de vrais appartements, eux, plus grands et plus confortables.
- Il sait pourquoi chacun reste cloîtré chez lui ?
- Non, elle ne s'est pas étendue à ce sujet. C'est sans doute à cause du froid glacial des couloirs, qui ne donne pas envie de quitter la douce chaleur des appartements.
- Des hommes armés dans le château ?
- Florain, leur responsable, qui se trouve également être le responsable des esclaves, et une dizaine des meilleurs gardes du château. Ils logent au second ou au troisième étage, et passent leur temps entre les couloirs et la surveillance des personnes les plus importantes ici.
- Finalement, Nyv' aura réussi à apprendre énormément de choses et à mettre une esclave dans son lit. Les jumeaux ont de quoi être verts de jalousie.
- A ma connaissance, Nyv' ne cherche pas de compagnie féminine à mettre dans son lit, si tu vois ce que je veux dire.
Il voit bien, Calith. Et comprend soudain le regard mélancolique de l'éclaireur quand il est venu les chercher, sur leur banc, dans le monastère de Pòrr, il y a une éternité de ça. Quoiqu'il ait dit, Nyv' a réussi à mettre l'esclave en confiance, en la convainquant que son intérêt pour elle n'était nullement d'ordre intime. Et ça a visiblement fonctionné. Loundor baille bruyamment avant de planifier :
- Demain, après le petit-déjeuner, nous irons voir le médecin. J'aimerais également me rendre au caveau, pour me recueillir auprès d'Artéus. Nous devrons aussi nous inquiéter de ces cercles de bois qui permettent de marcher dans la neige. Mes hommes chercheront à savoir ce qui ne tourne pas rond ici. Et demain après-midi, nous aurons une petite explication avec Marsylia.
Cette dernière phrase résonne comme une menace, et clôt la discussion. Ils se souhaitent une bonne nuit, Iezahel se retourne pour enfouir son visage contre le flanc de son compagnon, une main sur son ventre. Calith, lui, ressasse les évènements de la journée un long moment avant de sombrer enfin dans le sommeil.