L'esclave rosit, flatté par ce compliment, et murmure un remerciement. Calith, concentré sur lui, poursuit :
- Concernant ce soir, comme je te le disais, je suis occupé. Une fois que le bain sera prêt, que personne n'entre dans la chambre. Laissez le dîner dans le salon, en vous signalant, puis repartez. Ensuite, je ne veux plus voir personne jusqu'à demain matin.
- Ce sera fait selon vos ordres, Sire.
Filraen se tient immobile, les mains dans le dos, et incline son buste lorsque le roi reporte son attention vers lui. Une intuition soudaine pousse Calith à lui demander :
- Avez-vous été consulté à propos des décès de Nalek et de Yorell ?
- Non Votre Majesté.
- Vous vous y connaissez, en poison ?
- Ce n'est pas un domaine que j'affectionne, comme je vous le disais, je préfère soigner que nuire. Cependant, j'ai longuement étudié les antidotes, et je sais en fabriquer. Or pour concevoir des antidotes, il faut connaître les poisons. Je sais donc les reconnaître, je connais leurs compositions, et je sais quel antidote utiliser.
- Si je vous parle d'yeux exorbités, de bouche grande ouverte, est-ce que ça vous dit quelque chose ?
- La plupart des poisons s'attaquent aux organes. Si la victime succombe, c'est généralement soit par asphyxie, soit parce que le cœur a cessé de battre. De ce que vous me dites, il semblerait qu'il s'agisse d'une asphyxie. Le visage avait-il une couleur un peu bleutée ?
- Non, justement, il semblerait que les victimes avaient le teint rosé.
- Oh.
Filraen fait brusquement demi-tour sur lui-même, l'esprit en ébullition, et marmonne :
- Oui, oui, il existe un poison qui fait cet effet.
Il fouille énergétiquement dans ses manuscrits, avant de se retourner vers Calith :
- Avaient-ils des tâches, dans la bouche, ou autour ? Ou autour du nez ?
- Je l'ignore. Personne n'en a fait mention.
- Oh. C'est Ketil, n'est-ce pas, qui a examiné les corps ?
- Oui.
- Peut-être pourra-t-il vous donner l'information. Je crains fort que, si je lui demande, il me renvoie sèchement dans mon atelier.
- Mais vous me dîtes que ça pourrait bien être un poison ?
- Oui, Sire. Ce n'est pas un poison fréquent, et j'ai besoin de plus d'informations pour répondre avec une certitude absolue, mais ça pourrait être un poison.
- Ketil nous a certifié qu'il s'y connaissait en poison, et que ça ne lui évoquait rien.
Filraen passe d'un pied sur l'autre, une main dans les cheveux, visiblement gêné. Calith tente de le rassurer, lui assurant que, quoiqu'il dise, ça ne sortira pas de cette pièce. Alors, un peu trop vite, le mage déclare :
- Ketil a oublié le plus important, dans l'art de la médecine : toujours se remettre en cause. Le corps humain est d'une complexité effroyable, et il suffit d'une infime variation des symptômes pour que la maladie soit différente. Et, de ce fait, que le traitement soit différent. C'est donc au médecin de ne pas s'arrêter aux signaux les plus évidents, mais de procéder méticuleusement pour trouver la maladie qui sévit. C'est long et fastidieux, je vous l'accorde. Disons que nous partons d'un faisceau de possibilités vaste, et qu'à travers un examen minutieux, et des questions bien choisies, nous devons exclure toutes ces possibilités jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une.
Filrean s'emballe, faisant de grand gestes, et ne s'arrête que pour s'assurer que son auditoire le suit toujours. Et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il réalise qu'il s'égare légèrement. Alors, toussotant, il se recentre sur la question :
- Ketil croit trop souvent connaître la cause des maux avant même d'avoir examiné le malade. Bien sûr, il a beaucoup d'expérience, et il tombe juste dans la plupart des cas. Mais parfois, il oublie juste que rien n'est simple et qu'il faut toujours chercher au-delà des apparences. Si vous permettez, Votre Altesse, je vais chercher dans mes manuscrits, et je vous dirais ce qu'il en est exactement.
- J'apprécierai beaucoup. Venez dans mes appartements, quand vous aurez trouvé. Mais pas ce soir, je suis très occupé et il ne faudra me déranger sous aucun prétexte.
- Je viendrai demain matin, Votre Majesté.
- Parfait.
Severin passe d'un pied sur l'autre, légèrement voûté, la main sur l'oreille gauche, comme s'il s'impatientait. Il faut quelques instants, à Calith, pour comprendre la raison de ce comportement : Florain a dû exiger que Filraen lui pose l'anneau sur le champ, bien qu'il soit en plein milieu de son travail. Il n'est sans doute pas au courant de l'habitude de Filraen, qui permet aux esclaves de se soulager avant, c'est donc pris sur son temps de travail. Et la discussion, là, lui fait perdre du temps, même si elle est intéressante, même si le roi lui-même est présent. Alors Calith, fixant Severin du regard, lui dit :
- Si Florain te crée des ennuis à cause de ton retard, tu lui diras que tu obéissais à un de mes ordres. Nous allons vous laisser. Merci pour ces informations, Filraen, je vous attends demain.
Puis, après un dernier salut, il quitte l'antre du mage, suivi comme son ombre par un Iezahel parfaitement silencieux. Et ce n'est qu'une fois de retour dans ses appartements, après avoir congédié les esclaves qui ont fini de préparer son bain, qu'il réalise :
- On a oublié ta surprise, Iezahel !
- Non, c'est bon, je l'ai.
L'esclave se permet d'afficher un petit sourire narquois, fier d'avoir atteint son but sans que Calith ne s'en aperçoive. Sauf que le roi, lui, n'apprécie que moyennement. Les yeux plissés, il scrute la silhouette de Iezahel, cherchant un renflement, dans une poche, sous la chemise, pouvant lui donner un indice. Ne voyant rien, il demande :
- Comment tu as fait ?
- J'ai écrit ma requête pendant que tu étais aux latrines. Et je l'ai passée à Filraen pendant que tu donnais tes ordres à Severin. Il a tout de suite compris qu'il fallait agir avec discrétion.
- Et quelle était ta requête ?
- La surprise que je te réserve. C'était bien essayé, Calith, mais ça ne fonctionnera pas.
Mais Calith ne compte pas en rester là, et s'approche, presque menaçant, de son compagnon, prêt à le déshabiller et à le fouiller intégralement pour découvrir ce qu'il a ramené de l'antre du mage. Sauf que Iezahel commence à bien le connaître, et se recule d'un pas en grondant :
- Calith !
Ce n'était pas un grondement menaçant, juste une mise en garde. Alors Calith lève les mains en signe de reddition et bougonne :
- Très bien, très bien. J'attendrai.
- Tu me promets que tu n'essaiera pas de trouver ce que c'est, jusqu'au moment où je te révèlerai la surprise ?
- Tu es dur en affaire, Iezahel. Bon, d'accord, je promets.
Calith prend un air boudeur, qui fait rire Iezahel. Ce dernier va récupérer, avec précaution, le pot d'eau qu'il avait laissé chauffer au creux de l'âtre, et en verse deux grandes tasses. Il y ajoute de généreuses cuillères de miel, avant de les emmener près de la baignoire. Puis, méticuleux, il va fermer la porte de la chambre, avant de fermer celle de la salle d'eau.
L'immense baignoire, en métal chatoyant à la lueur des braseros, fume doucement et répand son doux parfum de saponaire.
Sur une table, juste à la hauteur de la baignoire, deux bougeoirs dispensent une lumière tamisée, et la vapeur des deux tasses d'infusion ondule, presque sensuellement, au-dessus des flammes. La neige, le froid, l'enquête impossible, tout est resté derrière la porte, et seules comptent, désormais, leurs retrouvailles.
Ils se sont rapprochés l'un de l'autre, se frôlant presque tant ils sont proches. C'est Calith, le premier, qui tend une main rendue tremblante par le désir, pour dénouer les cordons de la chemise de son amant. Avec douceur, il fait glisser ses mains sous la chemise, caressant avidement la peau soyeuse, puis remonte jusqu'au torse. Délicatement, il lui retire ce bout de tissu gênant, puis s'attaque à sa ceinture. Dans la salle d'eau, seul le bruit de leurs respirations, rendues plus rapides par l'envie, se fait entendre.
D'un geste lent mais déterminé, Calith fait glisser le pantalon de Iezahel, jusqu'aux chevilles. Son amant n'a alors plus qu'à retirer, d'un même mouvement, bottes et pantalon. Le roi, lui, n'a d'yeux que pour le corps qui s'offre à sa vue, nimbé de vapeur, coloré par la chaude lueur des bougies.
Ils n'échangent pas un mot, savourant cette redécouverte de l'autre dans un silence religieux. Iezahel, à son tour, retire lentement la chemise de son compagnon, non sans avoir longuement promené ses mains sur son torse. Lorsque vient le tour du pantalon, il laisse échapper une exclamation amusée : une belle bosse déforme le tissu. Calith, joueur, vient caresser d'une main la joue de son amant, un sourire coquin sur le visage. Mais Iezahel dénoue ceinture et pantalon sans jamais toucher ce membre qui palpite, caressant seulement le pli de l'aine et le haut des cuisses.
Ils échangent un regard brûlant, avant de se glisser dans l'eau chaude. Ils tiennent côte à côte, dans cette large baignoire, même si leurs jambes tendues touchent l'extrémité.
Avec douceur et sensualité, ils se lavent mutuellement, faisant courir le gant du bout de l'orteil au haut du crâne. Joueurs, ils insistent sur les zones sensibles, propices au plaisir, s'amusant à affoler les sens de l'autre, à le mener proche du plaisir, sans pour autant le satisfaire.
Depuis leur départ de Pieveth, ils n'ont jamais eu l'occasion de faire leur toilette de manière aussi efficace, et ils savourent la sensation de se sentir propre. Calith a passé un bras sur les épaules de Iezahel, qui s'est blotti tout contre lui. Là, ils savourent l'infusion, au doux goût de miel et de mélisse. Ils ressentent tant de bien-être que les mots sont inutiles. Seules, des mains qui frôlent la peau de l'autre, montrent qu'ils ne sont pas endormis.
Leur infusion terminée, Iezahel repose les tasses sur la table et profite de ce mouvement pour chevaucher les jambes tendues de son amant.
Face à face, ils se dévisagent, iris vert sombre contre obsidiennes, miroirs de l'âme qui en disent bien plus que les mots. Alors, très lentement, l'esclave se rapproche, jusqu'à ce que leurs souffles respectifs caressent le visage de l'autre. Et leurs lèvres se joignent enfin, timides d'abord, effleurant l'autre, l'agaçant d'une légère morsure, puis l'apaisant d'un coup de langue. Leur baiser est tendre, porteur de tout l'amour qu'ils se vouent. Iezahel ondule doucement contre lui, allumant un brasier qu'il n'éteint pas, c'est trop tôt. L'étreinte se fait plus puissante, le baiser plus intense : ils peuvent enfin se retrouver, loin du regard du monde. Le temps se fige et cesse sa course intemporelle : seule subsiste la passion de leur union. Plus rien d'autre n'existe que la douceur de leur peau, la chaleur de leur baiser, le battement de cœur qui résonne dans l'autre poitrine.
Ils ne reprennent contact avec la réalité que bien plus tard, lorsque l'eau est devenue désagréablement tiède autour d'eux. Les yeux voilés de plaisir, ils s'observent encore, le désir plus puissant que jamais. Mais c'est encore trop tôt, ils refusent de céder maintenant. Calith frissonne. Alors Iezahel sort de l'eau, récupère une sortie de bain et dès que le roi a quitté la baignoire, il l'emmitoufle soigneusement, avant de se couvrir à son tour.
Calith se blottit, tout juste sec, sous l'épais édredon. Iezahel, lui, va ouvrir la porte du salon : le dîner a été servi, et si les esclaves se sont signalés, ils n'ont rien entendu. Ou peut-être que le loup-garou a entendu, mais n'a pas voulu rompre le charme. Quoiqu'il en soit, Iezahel demande :
- Ils ont amené le souper. Tu as faim ?
- J'ai faim de toi.
- Je parle de nourriture cuisinée, idiot.
- J'ai d'autres idées en tête. Mais toi, tu dois avoir faim.
Effectivement, bien que Iezahel soit autant excité que Calith, il a faim, très faim. Alors il récupère le plateau, laissant la porte ouverte pour profiter de la chaleur du salon, et le dépose sur le lit. Puis, jetant la sortie de bain sur un banc, se glisse sous l'édredon auprès de Calith.
L'excitation est toujours là, envahissante, enivrante, délicieuse, mais ils ignorent leurs membres palpitants pour se concentrer sur le repas. Ils commentent le potage de légumes, riche en lard, en moelle et en croutons, parlent un peu de leur rencontre avec Filraen et Severin. Ils parlent de tout sauf d'eux, mangeant de bon cœur, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un peu de vin sur le plateau. Alors Iezahel revient avec deux tasses d'infusion, qu'ils boivent lentement, à petites gorgées. Mais Calith, suspicieux, demande :
- C'est ça, ta surprise ? Elle n'a pas le même goût que l'autre.
- Peut-être bien. Ou peut-être que c'est tout simplement une tisane au bleuet.
- Que tu es cruel avec moi, Iezahel !
Le concerné rit doucement, ravi de voir son compagnon se prendre au jeu. Il termine rapidement son infusion, pose sa tasse sur la table de chevet, et observe Calith faire de même. Calith, qui termine son infusion sans même savoir ce qu'il y a dedans, se fiant totalement à Iezahel.
Blottis l'un contre l'autre, sous l'épais édredon, ils se câlinent longuement. Les chandelles qu'ils ont ramené de la salle d'eau dispensent une lueur vacillante. Seuls le froissement des draps et les mots tendres qu'ils échangent dans un murmure meublent le silence. Lorsqu'ils ont un peu digéré ,et qu'ils sont presque rassasiés de l'autre, Iezahel prend les choses en main et ordonne :
-Allonge-toi sur le ventre.
- Alors c'est ça, ta surprise ? Me prendre comme on prendrait une catin dans un bordel ?
- Oui.
Calith obtempère, en bougonnant certes, mais il obtempère. Iezahel a repoussé un peu l'édredon, et observe son amant, la tête nichée dans ses bras croisés, lui offrir la vue de son dos et de ses fesses.
- Pourquoi tu avais besoin d'aller voir Filraen, alors ?
- Parce que j'ai demandé une infusion spéciale. Écarte les jambes.
Il grogne, Calith, la tête contre le matelas. Mais, alors qu'il écarte impudiquement les jambes, dévoilant ce qu'il a de plus intime, il demande :
- Et c'est quoi, comme infusion ?
- Des herbes, traitées magiquement, pour empêcher les hommes de prendre leur plaisir trop vite, et donc de frustrer leurs partenaires.
- Hein ?
Calith tente de se redresser, mais la poigne implacable de Iezahel le force à se rallonger. Alors, à nouveau la tête dans le matelas, il râle :
-Filraen va me prendre pour quoi, maintenant ? Il va croire que je ne suis pas capable de me retenir suffisamment pour honorer mon partenaire ! Pourquoi …
- Je lui ai dit que c'était pour moi.
- Ah. Ça va alors. Enfin... Mais... Toi aussi, tu en as bu ! Alors, tu vas me prendre, comme ça, pendant longtemps ?
- Toute la nuit.
Calith ne peut pas voir le sourire victorieux qui naît sur les lèvres de Iezahel, il ne peut qu'entendre ses réponses, parfaitement sérieuses. Et il peut sentir une main soulever ses hanches, pour y placer un coussin. Le bassin surélevé, son intimité exposée, offerte, il est l'image même de l'abandon. Iezahel lui demande :
- J'ai prévu un lien de cuir, ce sera nécessaire ou tu vas te tenir tranquille ?
Il hésite un instant, les yeux fermés, et répond dans un chuchotement étouffé par l'envie.
- Inutile. Je suis à toi.
Puis il sent le membre palpitant de Iezahel se loger entre ses fesses, son corps recouvrir le sien, ses mains se nouer aux siennes. Il frémit, d'impatience, d'envie. Mais Iezahel dépose un baiser sur sa tempe et murmure :
- Tu aurais vraiment accepté que je te prenne comme une catin, toute la nuit ?
- J'accepte tout de toi, Iezahel, j'y prendrais même un plaisir intense.
- J'y penserai pour une prochaine fois alors.
L'esprit déjà ailleurs, offert et soumis aux envies de son compagnon, Calith a le plus grand mal à comprendre ces paroles. Ce n'est que lorsque Iezahel s'écarte et laisse tomber des gouttes dans son dos qu'il réalise qu'il s'est joué de lui, depuis le début. Et tandis qu'il savoure déjà les mains larges de son amant délasser chaque muscle de son dos, il entend :
- C'est ça, ma surprise, idiot. L'infusion que nous avons bu est faite à base d'herbes, et elle nous donnera de la vigueur si on venait à en manquer. Elle décuple les sens, et rend chaque caresse intense. Ce que j'ai demandé à Filraen, avec cette tisane, c'est une huile, qui délasse les muscles et apaise le corps crispé.
Calith acquiesce dans un grondement. Il aurait bien prétendu qu'il ne sent ni las, ni crispé, sauf que ce massage est bien trop agréable. Surtout que Iezahel vient de descendre plus bas, caressant ses reins et ses fesses. Les yeux fermés, il savoure pleinement les douces sensations que ça lui procure. Mais Iezahel poursuit, dans un chuchotement qui affole ses sens :
- Mais tu espérais peut-être quelque chose de moins doux.
Il écarquille soudain les yeux, bouche grande ouverte sur un cri muet, lorsque la virilité de Iezahel investit son intimité, lentement mais implacablement. Et quand il parvient enfin à expirer, c'est pour lâcher un feulement de volupté. Iezahel reste parfaitement immobile en lui, reprenant son massage comme si de rien n'était. Il alterne, langoureusement, douces caresses, délicate masturbation et lents va-et-vient en lui, se penchant parfois pour l'embrasser, sur la nuque, dans les cheveux, ou pour lui mordiller le lobe de l'oreille. Et Calith, offert, le souffle court, se laisse emmener vers l'extase.
Il n'a aucune notion du temps qui s'est écoulé, mais lorsque Iezahel se retire et cesse le massage, il a l'impression que quelques minutes seulement se sont écoulées. Il est bien loin de la réalité. Il grogne de frustration : son amant l'a laissé au bord de la jouissance, et s'est éloigné, le recouvrant de l'édredon bien que sa peau soit brûlante. Son membre tendu, gorgé de sang, palpite douloureusement, réclamant l'assouvissement.
La tête tournée vers Iezahel, il le fixe de son regard ivre de plaisir et d'une voix rauque, murmure :
- C'était une magnifique surprise, Iezahel.
Il se contorsionne un peu, pour quitter le coussin, et vient l'embrasser tendrement. Et puis, comme une évidence, Calith le fait doucement basculer sur le dos, et le couvre de baisers. Ses lèvres, avides, embrassent et pincent chaque parcelle de sa peau. Iezahel, cambré, les yeux clos, souffle fort, éperdu de plaisir. Lorsque, après l'avoir longuement caressé, Calith se rapproche enfin de l'objet de ses désirs pour le prendre en bouche, Iezahel pousse un râle de bien-être.
Inlassablement, il parcourt cette barre de chair, frémissante, imposant un rythme lent, bien trop lent pour l'amener à la jouissance. Sans répit, il honore ce corps qu'il aime tant, l'amenant toujours plus près de l'extase sans jamais le laisser y accéder, rythmé par les halètements de son amant. Et lorsque le point de non-retour est dangereusement proche, il s'écarte, se rallonge sur le dos, faisant gronder Iezahel de frustration.
Ils sont tous les deux au bord de l'implosion. Il suffit d'un regard, presque fiévreux, pour déclencher la curée. Iezahel chevauche soudain Calith, faisant valser l'édredon et s'empale sur le membre gorgé de plaisir. Calith se redresse, serre fort son amant contre lui, comme s'il voulait se fondre en lui. Leurs torses en sueurs se frottent l'un contre l'autre, et il s'embrassent, sauvagement, brutalement, donnant des coups de reins incontrôlés. Mais ils sont à bout de souffle, et le baiser s'interrompt, le temps qu'ils respirent un peu. Iezahel retient ses cris de plaisir en mordant l'épaule de son compagnon, tandis que Calith, lui, enfonce ses doigts dans son dos. L'extase arrive brusquement, une explosion de plaisir qui transperce leurs corps, les faisant hurler. Elle les laisse hagards. Calith a tout juste le temps de se retirer qu'ils s'effondrent l'un sur l'autre, dans une hébétude proche de l'inconscience.
Une paire d'heure plus tard, le froid tire Iezahel de sa torpeur. Il rabat l'édredon sur eux, mais le corps endormi contre lui l'attire à nouveau. Il lui suffit d'écarter un peu les jambes de Calith pour plonger en lui, grondant lorsque le fourreau de chair se serre autour de son membre avide. Son amant se réveille, sourit, et ses reins remuent au rythme de la danse sensuelle. Ils ne retardent pas leur jouissance, cette fois, lâchant rapidement un feulement d'extase. Ils replongent dans leur torpeur, jusqu'à ce que Calith, cette fois, émerge un peu. Plus tard, c'est Iezahel, à moitié endormi, qui déclenche une nouvelle vague de plaisir. Et encore plus tard, c'est Calith, dans une position totalement inédite, qui les mène au nirvana.
Calith besogne sans aucune douceur son compagnon, allongé à plat ventre, fesses relevées et tête dans l'oreiller. Tout leur corps est douloureux, surtout les parties les plus sollicitées depuis le début de la soirée mais ils sont pris d'une fièvre qui ne s'embarrasse pas de tels détails. Calith grogne lorsque son bassin percute son amant, tandis que Iezahel étouffe ses cris dans l'oreiller. Il en train de le pilonner sauvagement lorsqu'un bruit le déconcentre. Il s'interrompt, profondément figé en lui, et tourne la tête. Sur la table du salon, bien en vu, un plateau de petit-déjeuner est posé. C'est déjà le petit matin, et l'esclave qui a apporté le plateau a dû assister à leurs ébats. Qu'importe.
Calith reprend sa danse infernale, jusqu'à s'écrouler sur son amant, épuisé. Et ils sombrent dans le néant