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Titre du blog : Histoires yaoi
Auteur : histoiresyaoi
Date de création : 31-05-2013
 
posté le 06-12-2013 à 14:23:29

Iduvief, chapitre 15

 

 

 

 

 

 

C'est l'odeur de myrrhe qui les extirpe de leur léthargie. Épuisés par leur folle nuit, ils mettent du temps à réaliser qu'ils ne sont pas à Pieveth. Le plateau n'a pas bougé, dans le salon, mais une silhouette menaçante fait des allers-retours devant. Loundor.

Retenant un juron, Calith quitte la chaleur du lit, et va enfiler un pantalon. Tout son corps lui reproche les excès de la nuit, et il en ressent une légère honte : pas d'avoir étreint Iezahel au point d'en avoir mal, mais de ne pas avoir su s'arrêter. De s'être comportés comme des animaux en rut.

 

Il s'avance près du plateau, encore un peu dans le brouillard, et jette un rapide regard à Loundor. C'est lui, qui a fait brûler de la myrrhe, il en tient encore un bâtonnet à la main, qu'il agite comme une épée. Il a dû sentir l'odeur de leurs ébats immédiatement en rentrant. Le roi refuse de croiser son regard, et va s'installer sur le fauteuil, en face de la cheminée. Que doit penser le Général, de savoir qu'ils ont copulé comme des bêtes, qu'ils sont épuisés, en milieu de matinée, sans aucun respect pour son ami qui s'est peut-être fait tuer dans ces murs ?

Mais lorsque Loundor approche, il tient un tissu à la main, et l'applique sur la morsure profonde qui orne l'épaule de son roi. Calith grimace, le tissu est imbibé d'alcool et ça brûle. Le Général lui offre un sourire complice, et lâche :

 

- Inutile de demander si vous avez passé une bonne nuit, je suppose ?

 

Puis c'est Iezahel qui arrive dans son dos, silencieux comme un murmure, et qui dépose sur ses épaules nues une couverture. Il a pris le temps de faire un brin de toilette et est complètement habillé, lui. Il pique un morceau de pain sur la table, puis tire un fauteuil jusqu'à la cheminée, avant d'y prendre place. Loundor l'observe, sans un mot, attentif aux détails. Frottant machinalement son collier d'esclave, Iezahel marmonne :

 

- Ce n'était peut-être pas une bonne idée, cette infusion tonifiante.

- Tu crois ?

 

Impossible de rater l'ironie grinçante de Calith, pas plus que son ressentiment. Le Général, les yeux plissés, demande d'une voix pleine d'appréhension :

 

- Vous avez pris une tisane tonifiante ?

- Iezahel est allé en chercher une chez Filraen, et nous l'a fait boire, sans me dire ce que c'était.

- Et toi, tu as bu, hein, sans te poser de questions ?

- Je n'ai aucune raison de me poser des questions quand il m'offre à boire, Loundor.

- Pas même quand il y a peut-être eu des empoisonnements au sein du château, et que cette préparation a été fabriquée ici ?

 

Iezahel semble mortifié et se ratatine sur le fauteuil, les yeux rivés dans les flammes dansantes de l'âtre. Mais Calith, lui, se dresse sur le fauteuil et défie son Général du regard :

 

- Oserais-tu prétendre que l'homme chargé de ma sécurité n'aurait pas reniflé cette tisane avant de me la faire boire ? Qu'avec son odorat de loup-garou, il n'aurait pas perçu le poison s'il y en avait eu ?

 

C'est au tour de Loundor, de paraître gêné. Dans un bougonnement, il admet que non, Iezahel ne ferait pas courir de risques à son roi et compagnon, et que leur plaisir ne l'a pas obnubilé au point d'en perdre toute prudence.

Alors que Calith est sur le point de parler, quelques coups rapides sont frappés à la porte, et Nyv' s'avance en les saluant respectueusement. Puis il annonce :

 

- Le mage Filraen souhaite vous rencontrer, Votre Majesté.

- Parfait ! Fais-le entrer, Nyv', merci.

 

Filraen semble exalté quand il débarque dans le salon : la même tenue d'un brun terne que la veille, ses longs cheveux détachés et flottant autour de lui, il brandit un rouleau froissé. Il s'immobilise en découvrant la mine épuisée de Calith et Iezahel, et jette un regard inquiet à Loundor. Mais le roi le rassure vite en l'invitant à prendre place, tandis que Iezahel apporte le plateau près d'eux pour en dévorer le contenu.

 

- La tisane était un peu forte, non ?

- Si peu...

- Je suis navré, j'en modifierai la composition pour euh... enfin, qu'elle soit moins... puissante.

 

Calith grogne un peu, agacé de voir que tout le monde semble au courant de leur nuit de débauche. Pour changer de sujet, il lui demande :

 

- Vous avez trouvé quelque chose ?

- Ah ! Oui ! Le poison. Oui, j'ai trouvé, bien sûr.

 

Il tend le manuscrit à Loundor, le seul à ne pas manger, étrangement, et leur résume rapidement le contenu : il s'agit d'une substance appelée nimhiù, qu'on trouve dans le noyau de certains fruits, et qui se révèle mortelle même à petite dose. En fonction des quantités administrées, ça peut aller d'une mort en une dizaine de minutes, à une agonie longue et terriblement douloureuse. C'est une substance qui peut être ingérée ou inhalée, mais qu'on ne trouve normalement pas la région. C'est un poison quasiment indétectable, les victimes ne sentent pas de goût particulier, ni d'odeur. Ce n'est qu'après l'ingestion qu'une très faible odeur apparaît, et encore, peu de personnes peuvent la sentir. La victime meurt étouffée, mais ses joues se colorent de rose. Et autour de la bouche ou du nez, des tâches rouges, signes de brûlure.

 

Loundor décrypte le manuscrit en même temps, les sourcils froncés, la bouche plissée. Calith imagine sans peine son raisonnement : avec un tel poison, il serait parfaitement plausible qu'Artéus ait été tué. Sauf que les victimes sont mortes et enterrées, alors impossible de sentir cette fameuse odeur. Le Général en profite pour demander plus de détails sur cette odeur, et Filraen lui explique qu'il s'agit d'une odeur douceâtre, ressemblant un peu à l'amande.

 

Le silence retombe dans le salon. Ces informations, capitales, auraient dû leur être transmises lors de la réunion de la veille. Mais Marsylia, comme la moitié des habitants du château, méprise bien trop le mage pour s'intéresser à ce qu'il pourrait leur apprendre. Qu'ils aient obtenu ces informations via Filraen risque encore de poser des problèmes diplomatiques, comme s'ils avaient besoin de ça...

Nyv' frappe à nouveau à la porte, et s'approche de Iezahel, essayant de se faire le plus discret possible. Mais tous les yeux sont rivés sur lui lorsqu'il lui tend un petit pot, rempli de substance jaunâtre, en expliquant :

 

- Fleur m'a demandé de te remettre ça discrètement, pour te soulager.

 

Machinalement, Iezahel accepte le présent, qu'il tourne et retourne entre ses doigts. Nyv' ne l'a pas remis discrètement, bien sûr, mais c'était mission impossible. Et il connaît bien la relation qui lie les deux amants : il devine que Iezahel lui en aurait parlé, de toute manière. Calith, les sourcils froncés, peine à comprendre de quoi il s'agit, et demande à Nyv', poussé par son intuition :

 

- C'est elle qui nous a apporté le petit-déjeuner, ce matin ?

- Oui Votre Majesté.

- Je vois.

 

Il serre les dents et crispe ses poings, Calith, furieux. Fleur, en apportant le plateau, a dû les surprendre. Et forcément, elle a dû penser que le roi avait abusé de son esclave toute la nuit. Comme pour remuer le couteau dans la plaie, Filraen s'écrie :

 

- Mais je connais, cet onguent ! C'est moi qui le fabrique ! C'est parfait pour apaiser les irritations dues aux...

 

Il s'interrompt immédiatement en faisant le rapprochement entre l'infusion qu'il a donné à Iezahel, et cet onguent. Un lourd silence gêné s'abat sur le salon. Et puis, soudain, Nyv' tourne les talons, prétextant retourner à son poste de garde. Iezahel, les joues rouges, pose le petit pot sur la table et annonce qu'il va voir le garçon d'écurie, avant de quitter la pièce sans oser croiser le moindre regard. Calith l'observe jusqu'à ce qu'il sorte, avant de reporter son attention sur Filraen. Le mage passe d'un pied sur l'autre, embêté d'avoir été si peu subtil, et se retenant visiblement de prendre ses jambes à son cou. Mais Loundor a toujours le manuscrit, qu'il tripote machinalement.

 

Si Filraen est surpris par l'initiative de Iezahel, qui n'a pas attendu l'ordre ni même l'autorisation de Calith pour se rendre aux écuries, il n'en souffle pas un mot. Il cesse très vite de dévisager Calith, curieux, lorsque Loundor lui pose des questions sur le poison, et qu'il y répond avec précision et efficacité.

Lorsque la curiosité du Général est satisfaite, Filraen récupère son parchemin et quitte, visiblement soulagé, le salon, non sans les avoir longuement salués et remerciés. Calith profite alors de ce répit pour aller faire ses ablutions et s'habiller plus chaudement, toujours agacé par le fait que tout le monde semble être au courant de leur folie nocturne.

 

Mais la vision de la baignoire, encore remplie d'eau, et le souvenir de ce qu'il s'est passé ensuite, l'aident à relativiser. Oui, ils ont fait des excès, mais c'était quand même sacrément agréable.

C'est finalement avec le sourire qu'il va annoncer à Nyv' que les esclaves peuvent rentrer dans les appartements pour vider la baignoire et refaire le lit. Puis il va s'asseoir dans le salon, en face de Loundor, et ils parlent du poison et de ce que ça implique pour l'enquête.




Ils ne prêtent guère attention aux esclaves qui vont et qui viennent dans la pièce, tout à leur conversation, et ce n'est que lorsque le déjeuner est servi qu'ils réalisent que le temps a filé. Iezahel n'est toujours pas revenu, alors ils décident de l'attendre encore un peu. Puis, voyant que les mets refroidissent, et supposant qu'il n'a pas vu le temps passer, lui non plus, ils se résignent à manger, lui gardant une part généreuse qu'ils placent près de l'âtre, pour qu'elle conserve un peu de chaleur.

Le repas est très correct, et ils ne cessent de discuter : ça faisait bien longtemps qu'ils n'étaient pas restés que tous les deux.

 

Ils ont terminé leurs parts, et boivent une chope d'hypocras lorsque Iezahel revient. Il s'excuse du retard, arguant qu'il n'avait pas conscience de l'heure. Calith l'observe, intrigué. Le visage de son amant est un masque impassible, le même qu'il arbore dès qu'ils sont en public. Habituellement, lorsqu'ils sont en privé, il se montre un peu plus expressif. Il se rend directement à la salle de bain puis revient rapidement vers eux.

 

-Comme on ne te voyait pas revenir, on t'a gardé ta part au chaud.

- Merci, c'est gentil.

 

Iezahel va récupérer l'écuelle et s'installe à table. Et il mange, bien sûr, mais l'oeil observateur de son amant remarque immédiatement qu'il y met moins d'entrain que d'habitude. Alors Calith demande :

 

- Tu as appris quelque chose ?

- Hum ? Non, pas vraiment. C'est surtout lui qui voulait apprendre des choses.

 

Il semble se concentrer sur la nourriture, mais Loundor et Calith se regardent, pas dupes. Iezahel cherche visiblement à éluder la question. Mais son compagnon insiste, bien décidé à savoir pourquoi il se comporte de la sorte :

 

- C'est à cause de cette nuit ? Et le fait que tout le monde soit au courant ?

- De quoi ?

- Ton comportement.

- Ah. Un peu, oui.

 

Évidemment. Iezahel est pudique et il n'aime pas que ce qui se passe dans l'intimité devienne presque public. C'est un sentiment que Calith comprend parfaitement, alors il essaie de le raisonner :

 

- Nous sommes des adultes consentants, et certainement pas les seuls à passer des nuits pareilles. Et puis, ce n'est pas bien grave si ils sont au courant, ça n'atteindra pas Pieveth. J'ai pas honte d'avoir passé de si bons moments avec toi, Iezahel.

 

Iezahel joue avec sa nourriture, qu'il a à peine touchée. Il hoche doucement la tête, et marmonne que lui non plus, il n'a pas honte, mais quand même. Mais alors que Calith allait poursuivre sur cette voie, Nyv' frappe à nouveau à la porte, et fait entrer Severin.

L'esclave s'avance jusqu'à la cheminée, de sa démarche claudicante, se frottant l'oreille gauche dans un geste inconscient. Il prend soin, comme d'habitude, de se placer de manière à ce que son oreille droite puisse capter tous les sons, et s'incline devant Calith en le saluant très cérémonieusement.

Calith lui sourit, il est content de voir qu'il semble bien récupérer. Même son visage, si sévère la première fois qu'ils l'ont vu, devient agréable à regarder, et ses yeux, d'un gris acier, semblent bien plus doux. Severin annonce, comme pour couper court à cet examen :

 

- Vous désiriez me voir, Votre Majesté ?

- Oui. Assieds-toi.

 

La requête surprend visiblement l'esclave, qui se frotte la joue nerveusement et triture sa chemise noire. Alors, dans un sourire, Calith déclare :

 

- Ou restes debout, si tu préfères.

 

Iezahel, discrètement, lui apporte un petit tabouret, guère confortable, mais sans doute convenable pour un esclave. Alors Severin l'accepte, et s'installe en tendant sa jambe devant lui. Calith se retient de lui proposer à boire ou de lui demander s'il a mangé : il devine que ça le mettrait en plus mal à l'aise. Le ballet des esclaves a cessé, et ils peuvent donc discuter en toute sérénité. Après avoir bu une rasade d'hypocras, Calith annonce :

 

- Marsylia nous a confirmé les soupçons d'Artéus, concernant les morts de Nalek et Yorell. Je sais que tu as beaucoup à faire, mais j'aimerais que nous aide un peu à y voir plus clair.

- Je ferai mon possible, Votre Altesse.

- Parfait. Comment était Nalek, de son vivant ?

- Imposant. C'était un homme de grande taille, très costaud. Il aimait la bonne chair, disait que c'était indispensable pour être un bon cuisinier. Il ne lésinait pas non plus sur l'alcool. Pas autant qu'Égeas, bien sûr, mais il se faisait un devoir de goûter les vins avant de les servir.

- Et avec vous ?

 

Severin marque un temps d'arrêt, bouge un peu sur le petit tabouret, gêné. Calith, d'une voix douce, l'encourage :

 

- Ce qui se dira ne sortira pas d'ici. Si ils ont vraiment été assassinés, tout ce que tu peux nous dire sera utile pour arrêter le meurtrier. Un meurtrier qui pourrait bien avoir tué Artéus.

 

Le regard désemparé de l'esclave rencontre celui, bienveillant, de Calith. C'est une faute, habituellement : un esclave n'est pas digne de croiser le regard d'un homme libre, encore moins d'un roi. Mais l'heure n'est pas au protocole, aussi Calith n'en tient pas compte. Et Severin, en confiance, murmure :

 

- Il était sévère. C'est normal, pour un chef. Il devait préparer assez de nourriture pour tout le château, parfois pour des invités prestigieux : il n'avait pas le droit à l'erreur. Il ne pouvait pas se permettre de servir un mauvais vin, ou que la viande soit trop saignante, ou que le pain ne soit pas cuit. Alors il faisait marcher les commis et les esclaves à la baguette, et passait la plupart de son temps à leur crier après.

- Avait-il recours aux châtiments ?

- Bien sûr, c'est normal. Si un commis ou un esclave ne fait pas son travail correctement, c'est le seul moyen de le remettre sur le droit chemin. Il ne s'en privait jamais.

- Est-ce qu'il était marié ?

- Non. Il ne quittait jamais le château, et il travaillait presque tout le temps.

- Mais c'était un homme. Il devait bien avoir quelques liaisons, non ?

- Je ne sais pas trop...

 

Calith hausse un sourcil devant cette déclaration peu convaincue. Tandis que Iezahel garde le regard rivé sur les flammes, Loundor, amusé, tapote la table du bout des doigts et déclare :

 

- Il ne se raconte vraiment rien à son sujet ? Ce serait bien la première fois que les domestiques et les esclaves ne cancanent pas sur leurs maîtres.

 

Severin semble se recroqueviller sur lui-même, comme pris en faute. Après avoir fusillé du regard le Général, Calith reprend, d'une voix apaisante :

 

- On ne te reproche rien, Severin. Ces racontars peuvent nous apprendre beaucoup plus de choses que ce que Florain a découvert.

-Oh, ça c'est sûr. Quand il nous a interrogé, personne n'a rien voulu lui dire. Même si il sait déjà beaucoup de choses. Mais... ces rumeurs ne sont pas toujours fondées, et puis, est-ce vraiment utile pour l'enquête ?

- Peut-être pas, non. Mais ce qui est sûr, c'est que ça ne peut plus lui nuire.

 

Severin remue à nouveau sur son tabouret, massant son genou, les yeux dans le vague. Calith et Loundor échangent un regard, presque convaincus qu'il ne dira rien. Mais soudain, l'esclave murmure :

 

- Il travaillait beaucoup, il n'avait pas le temps de conter fleurette. Et puis, pourquoi s'embêter quand il y a des femmes qui écarterons les jambes sans pouvoir refuser, à sa simple demande ?

- Les esclaves ?

- Oui. Il n'était pas le plus … demandeur de leurs services, mais ça lui arrivait.

- Et il ….

 

Calith se tait, incapable de trouver la bonne formulation. Il se fait l'effet d'être d'une curiosité malsaine, à demander des détails glauques. Il voudrait juste savoir si ces esclaves en souffraient beaucoup même s'il est bien conscient que ce genre de rapport, forcé, implique fatalement de la souffrance. Severin, comme s'il avait deviné le malaise de son souverain, ajoute :

 

- Elles n'avaient pas peur de lui. Je pense qu'il n'était pas trop dur avec elles.

- Merci Severin.

- C'est la rumeur la plus fondée sur lui. Certains prétendent qu'ils l'ont vu braconner sur les terres du Seigneur, mais je n'y ai jamais vraiment cru. A quoi ça lui aurait servi ?

 

Calith hoche doucement la tête tandis que Severin énumère les racontars les plus absurdes qui courraient à son sujet. Ce n'est guère étonnant, cette efficacité de la part de l'esclave du conseiller : il leur a parlé, en premier, de la rumeur la plus fondée. Lorsqu'il a fini de reporter ces allégations, Loundor lui annonce :

 

- En parlant de cuisine. Les jumeaux y seront à tour de rôle. La thèse de l'empoisonnement se précise, et il est hors de question que Calith courre le moindre risque. Ils surveilleront la préparation des repas, et suivront les esclaves jusqu'à ce qu'ils l'apportent ici. Nous mangeront tous ensemble, dans le même plat.

- Bien sûr, Général, il sera fait comme vous le souhaitez.

- Merci. Parle-nous de Yorell maintenant.

- Yorell est arrivé au château il y a une quinzaine d'années, et s'est marié presque aussitôt avec Dame Marsylia.

- Un mariage d'amour ?

 

Loundor apporte un verre d'eau à l'esclave, qui remue nerveusement sur son tabouret : il se voit contraint de répondre aux questions les plus embarrassantes, et il n'aime guère répéter les rumeurs. Mais le regard de Calith, doux et persuasif, l'encourage à répondre, non sans avoir remercié Loundor avant :

 

- Ils ne se détestaient pas. Mais ce mariage arrangeaient les fiefs, surtout. Ils ont eu deux enfants ensemble, ça implique donc qu'ils étaient suffisamment proches pour … enfin, vous voyez. Mais ils ne faisaient jamais preuve d'affection en public.

- Est-ce qu'il allait voir ailleurs ?

- Eh bien, il se murmure que oui, il avait une maîtresse. L'une des nobles qui habite à l'année au château. Depuis sa mort, elle n'a plus quitté ses appartements.

- Marsylia était au courant ?

- Je l'ignore. Peut-être, tout se sait tellement vite ici. Si elle le savait, alors ça expliquerait pourquoi elle a pris, à son tour, un amant.

- Tiens donc. Et qui ?

- Florain.